La poésie est-elle donc, comme le suggère le poète, une manière d'entrer dans un monde différent du nôtre, d'ouvrir notre sensibilité à une autre façon de voir les choses mais qui nouerait néanmoins un lien mystérieux avec notre univers de tous les jours ?
[...] N'est-il pas possible ensuite de dépasser cette stricte antinomie ? La poésie est le genre littéraire dans lequel on va trouver le plus volontiers des figures de style. Et parmi ces différentes figures de style, on trouve la métaphore, une figure de style fondée sur l'analogie entre deux éléments qui partagent une caractéristique commune. Ainsi la poésie en recourant fréquemment à la métaphore nous ouvre les yeux sur une façon différente de voir le monde. Dans le célèbre poème « Le bateau ivre » d'Arthur Rimbaud, où l'on note d'ailleurs au passage le procédé de personnification qui consiste à faire s'exprimer un bateau comme s'il s'agissait d'un être humain, on comprend bien que lorsque le poète exprime cette libération que ressent le bateau libéré des « haleurs », c'est le natif de Charleville Mézières qui exprime tout l'étouffement qu'il ressent dans cet univers marqué par la routine et le conformisme qu'il décrit par ailleurs dans le très célèbre poème également « Les assis ». [...]
[...] Elle peut néanmoins consister en une certaine transcription littéraire dans une perspective mimétique, décrire nos sentiments bruts. Vouloir décrire les choses de la manière la plus précise possible n'empêche pas cependant tout un travail littéraire pour donner une dimension métaphorique à l'œuvre, et en référer de la manière la plus explicite et « engagée » au réel n'empêche pas le travail littéraire fondée ce que l'on appelait jadis les tropes. On peut également penser qu'il peut y avoir d'autres manières d'envisager la poésie comme la voir comme un travail littéraire, sur le langage par exemple. [...]
[...] Le recueil tout entier peut être vu comme une allégorie du marivaudage amoureux. Ainsi, une fois encore, si la poésie nous emmène dans un univers exotique, il garde une proximité avec le nôtre dans la mesure où le marivaudage amoureux vécu par Arlequin, Colombine et leurs autres compagnons évoquent les sentiments du poète qui peuvent également parler au lecteur. Dans le poème « Correspondance », Charles Baudelaire évoque la notion d'un monde invisible, souterrain auquel seuls les poètes auraient accès et dans lequel « les parfums, les couleurs et les sons » se répondraient selon le principe de la synesthésie et la philosophie de Swedenborg. [...]
[...] Le poète nous rappelle également combien l'huître est difficile à ouvrir. Tout cela apparaît comme des détails très prosaïques. Néanmoins, on s'aperçoit que ce poème est également une métaphore de la poésie. Le dur travail du poète, qui par les différentes retouches qu'il va effectuer sur son travail va finir par peut- être réussir à sortir une « perle ». Ici la poésie est donc à la fois la transcription d'une certaine réalité dans son caractère prosaïque mais également une description métaphorique du travail poétique. [...]
[...] En lien direct avec le réel, ce poème extrait du Roman inachevé a été écrit en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo en 1944. C'est un poème qui présente la caractéristique de ne présenter q'un nombre réduit de métaphores ou de figures de style similaires, très sobre dans son écriture. Le poème fait également mine de reproduire les paroles d'un de ces résistants même s'il s'agit avant tout d'un procédé littéraire. Un autre bon exemple de poésie comme retranscription du réel peut être le poème de Claudel intitulé « la pluie », où l'auteur, en particulier dans le premier paragraphe fait une description minutieuse et presque prosaïque et maniaque de son environnement extérieur. [...]
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