Je vais vous parler d'un texte écrit par le poète Paul Eluard, plus précisément d'une conférence sur la poésie surréaliste prononcée le 24 juin 1936 lors de l'Exposition internationale du Surréalisme de Londres qui s'était ouverte le 11 juin aux Burlington Galleries. Ce texte publié dans le tome II des Œuvres complètes d'Eluard (Bibliothèque de la pléiade, NRF) en 1968, reprend et complète l'article publié en 1932 dans la revue anglaise This Quarter (titre original : « Poetry's evidence »). Paul Eluard s'est donc livré à un travail de réécriture.
Je vous propose donc d'étudier ce texte intitulé L'évidence poétique selon trois grands axes ; tout d'abord en le resituant au contexte de son époque : l'évolution du poète depuis ses premiers écrits, puis en abordant les trois éléments les plus significatifs de sa vie et de son œuvre : la guerre, l'amour et l'art. Puis, j'analyserai dans les deux parties suivantes, le texte lui-même et les grandes idées d'Eluard parallèlement au contexte politique et artistique de cette époque. C'est ainsi que nous verrons tout d'abord que le surréalisme est selon lui avant tout un état d'esprit et qu'il ne se borne pas à la poésie (la peinture en fait également partie). Il sera, ensuite intéressant de voir ce qu'Eluard entend par l'expression « évidence poétique » : ne s'agit-il pas de libérer son imagination et de faire naître une certaine fraternité afin que la poésie et plus généralement l'art soit accessible à tous et non uniquement au poète, qui jusque là, porté au nu, était resté indétrônable ?
[...] On comprend dès lors sa volonté de mettre en avant la peinture surréaliste. En dehors d'un très fort intérêt manifesté à l'égard d'un grand nombre d'artistes (André Masson, Miro, Dali, Magritte, Tanguy, Picasso et bien d'autres), c'est l'amitié liée en 1935 avec le britannique Roland Penrose qui fit le lien entre le courant surréaliste et l'avant-garde anglaise. Ce dernier fut l'un des principaux organisateurs de l'exposition de Londres durant l'été 1936. Je vous renvoie au polycop intitulé L'exposition internationale du surréalisme qui vous donnera de plus amples renseignements en ce qui concerne l'organisation de l'exposition et sur les artistes qui y étaient présents. [...]
[...] C'est de ce sommeil vivant que le jour naît et meurt à tout instant. Elle est l'univers sans association, l'univers qui ne fait pas partie d'un plus grand univers, l'univers sans dieu, puisqu'elle ne ment jamais, puisqu'elle ne confond jamais ce qui sera avec ce qui a été. La vérité se dit très vite, sans réfléchir, tout uniment, et la tristesse, la fureur, la gravité, la joie ne lui sont que changements de temps, que ciels séduits. à 33, p.3) Il n'y a donc pas besoin d'objets concrets pour susciter le désir : la poésie est libératrice et rapproche les hommes à partir du moment où elle fait appel à l'imagination et provoque le désir de l'autre en le projetant dans le rêve. [...]
[...] Le véritable poète est au niveau de tous les hommes : il prône l'égalité et non la gloire. Eluard développe ainsi, l'idée d'une collectivité, d'un échange entre les hommes : c'est de là que naîtrait la véritable poésie : une poésie utile et libératrice : Ecoutons Lautréamont : La poésie doit être faite par tous. Non par un. Toutes les tours d'ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et l'homme s'étant enfin accordé à la réalité, qui est sienne, n'aura plus qu'à fermer les yeux pour que s'ouvrent les portes du merveilleux. [...]
[...] Puis, j'analyserai dans les deux parties suivantes, le texte lui-même et les grandes idées d'Eluard parallèlement au contexte politique et artistique de cette époque. C'est ainsi que nous verrons tout d'abord que le surréalisme est selon lui avant tout un état d'esprit et qu'il ne se borne pas à la poésie (la peinture en fait également partie). Il sera, ensuite intéressant de voir ce qu'Eluard entend par l'expression évidence poétique : ne s'agit-il pas de libérer son imagination et de faire naître une certaine fraternité afin que la poésie et plus généralement l'art soit accessible à tous et non uniquement au poète, qui jusque là, porté au nu, était resté indétrônable ? [...]
[...] Son goût pour la peinture n'est pas naît de son adhésion au groupe surréaliste. Déjà, dans sa prime jeunesse, il mesurait toute l'importance de l'image et réclamait à sa mère par exemple que le livre Emaux et Camées de Théophile Gautier soit de la collection Polychrome. Sinon je n'en veux pas –déclarait-il- Car il existe. Je ne le veux qu'illustré Par la suite il demandera à des peintres et dessinateur d'illustrer ses poèmes (son 2 ème recueil Le devoir et l'inquiétude sera orné d'un bois d'André Deslignière et il illustre lui-même Le livre d'identité qui contient en outre 10 dessins du jeune poète dont 9 traitent d'un trait de réalité humaine : une dame élégante, en fourrure, des visages d'hommes grimaçant ou encore des silhouettes dansantes De la même façon, il collectionne des toiles de Braque, Derain, Klee, Modigliani et collabore avec André Lhote (qui a illustré Les animaux et leurs hommes) ainsi qu'avec son ami Max Ernst. [...]
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