Pastorale, politique, apparence, locus amoenus, pastorale encomiastique
"Je n'avais pas quinze ans que les monts et les bois - Et les eaux me plaisaient plus que la cour des rois". Cette citation de Ronsard dans son œuvre Hymne de l'automne, illustre bien notre présent sujet, et ce que nous allons décrire par la suite. En effet Ronsard exprime son désir de rester avec la nature, mes arbres, les eaux plutôt que d'être à la cour, monde sans doute oppressant. Il aspire à habiter dans un lieu naturel, serein, calme ce qui nous ramène à la définition du locus amoenus, un lieu parfait et presque sans contraintes.
Presque sans contraintes, puisque Bernard Beugnot, un professeur de littérature, nous parle d'un locus amoenus qui hébergerait le discours politique, c'est-à-dire que les rois seraient des bergers, conduisant leurs sujets vers la paix; ce qui peut paraître paradoxal étant donné que le locus amoenus n'est effectif que dans la solitude et hors de la société actuelle: c'est pour cela que Stéphane Macé émet quelques doutes quand à cette liaison politique/pastorale/locus amoenus.
Mais le locus amoenus est indéniablement le lieu des délices. C'est pourquoi, y transposer un discours politique parait contradictoire, contre nature. Pourtant, s'il était possible d'allier ces deux unités, nous pourrons sûrement qualifier ça d'utopie. A partir de cela, nous pourrions nous demander quelles seraient les limites du locus amoenus s'il cohabitait avec un cadre politique, si la société que nous connaissons était transférée dans ces lieux.
[...] Autrement dit la politique (et même la religion) est absolument incompatible avec le locus amoenus. De plus la politique est quand même le signe d'un retour à la civilisation, à la communauté, à la société alors que la pastorale et le locus amoenus nous représentent le contraire. Car le locus amoenus est signe de retraite de solitude, dans le Prince de Guez de Balzac ils ne sont que très peu à vivre au cœur du locus amoenus "de quatre que nous étions". [...]
[...] Ce locus amoenus respecte des règles bien précises. En effet il existe des lieux communs repris par les auteurs intéressés par le genre, et qui sont nécessairement utilisés afin de rendre le lieu idéal, authentique. En premier lieu, la présence d'une fontaine ou d'une source d'eau (rivière) est systématique. Car l'eau, l'humidité, représentent les conditions de la fertilité, élément important dans la pastorale car les cultures de la Terre (comme les fruits) et les amours y sont très présents. En effet nous pouvons voir l'élément aqueux dans Rymes de Pernette du Guillet, "me rencontrer sur la chaleur d'été tout au plus près de la claire fontaine", ou encore dans Le Prince de Guez de Balzac où le narrateur fait l'éloge d'une rivière "c'est plutôt une fontaine continuée depuis sa naissance [ ] aussi fraîche et aussi pure [ ] elle cultive généralement tout ce qu'elle arrose; elle laisse l'abondance partout où elle passe Mais pour que la fertilité soit effective, il faut de la chaleur, de la chaleur humide que nous trouvons généralement au printemps, c'est pour cela que les pastorales se déroulent souvent à cette période. [...]
[...] La politique du locus amoenus n'est donc pas la politique que nous connaissons aujourd'hui. Et Stéphane Macé le dit très bien dans son ouvrage L'Eden Perdu: "Dans cet univers politique, le discours de la retraite est facteur d'équilibre pour le royaume parce qu'il entretient une distance de réflexion". Ce discours rejoint celui de Beugnot qui affirme que le roi berger "met en symbiose le discours de la retraite et la politique". Et une politique dans ce genre là peut donc être qualifiée d'utopie. [...]
[...] Presque sans contraintes, puisque Bernard Beugnot, un professeur de littérature, nous parle d'un locus amoenus qui hébergerait le discours politique, c'est-à-dire que les rois seraient des bergers, conduisant leurs sujets vers la paix; ce qui peut paraître paradoxal étant donné que le locus amoenus n'est effectif que dans la solitude et hors de la société actuelle: c'est pour cela que Stéphane Macé émet quelques doutes quand à cette liaison politique/pastorale/locus amoenus. Mais le locus amoenus est indéniablement le lieu des délices. C'est pourquoi, y transposer un discours politique parait contradictoire, contre nature. [...]
[...] Dans ce cas là, nous sommes dans le cadre d'une pastorale politique un peu plus différente de celle présentée précédemment mais qui fonctionne sur le même principe: celui de l'association pastorale/locus amoenus et politique. En effet, Virgile dans ces Bucoliques laissent transparaître ces idées politiques, et ce qu'il aimerait que les consuls fassent etc Il est, lui aussi, dans une envie d'utopie politique mais avec des événements, des cadres et des faits réels. Il retransmet alors ses sentiments et ses envies politiques dans sa pastorale car l'univers idyllique de ce lieu et sa flexibilité rendent tout possible. [...]
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