La tradition du locus amoenus, lieu de repos et de méditation à l'écart de la cité, s'installe à l'Antiquité principalement à travers la pastorale, univers « rêvé » qui met en scène des figures de bergers au sein d'un décor champêtre. Il s'agit d'une vision utopique de la paix en dehors de la ville sur laquelle règnent Vénus et les Amours.
Dans Le discours de la retraite au XVIIe siècle, B. Beugnot a décrit la « retraite » qu'elle soit religieuse (et provisoire) dans un couvent ou plus généralement retrait hors du monde. Il y décrit par exemple le genre de la pastorale encomiastique, pièce de théâtre où on célèbre la paix que fait régner le souverain, métamorphosé pour l'occasion en berger de ses brebis : « Dispensateur du repos que ses veilles assurent et garant des solitudes heureuses de ses sujets, le roi-berger met paradoxalement en symbiose le discours de la retraite et la politique, rêve d'un univers réconcilié qui abolit ou masque tensions et fractures de la société réelle, et où les jeux de force se résorbent dans l'harmonie d'une célébration. » Dans L'Eden perdu. La pastorale dans la poésie française à l'âge baroque, Stéphane Macé ajoute : « Mais cette célébration même porte la trace d'une inquiétude et reste consciente des menaces qui pèsent sur le royaume, fût-il transposé dans l'univers idéal de la pastorale » (...)
[...] Le regard symboliserait donc l'éveil du protagoniste, alors que le sommeil marquerait cette notion d'irréalité, d'utopie fictive. De même, Rousseau apparaît comme un parfait exemple pour décrire cette notion puisque son recueil en porte le nom : Les Rêveries du promeneur solitaire. Le terme de rêveries introduit l'idée de recherche spirituelle naviguant jusqu'à l'utopie. En effet, le promeneur est bien éveillé puisque dans le cas de Rousseau, il s'agit d'une autobiographie. En revanche, le narrateur modifie parfois la réalité afin de la rendre plus agréable, presque paradisiaque par moments. [...]
[...] Il va donc falloir une guerre pour l'éliminer et rendre la princesse à Lindamor, son promis, afin de restaurer la paix. Amour et guerre apparaissent donc comme fortement liés au sein de la littérature pastorale ce qui semble être un reflet de la véritable façon de gouverner un pays, manipulée par des mariages arrangés et motivés. De même, cette opposition entre la guerre et l'amour paraît être la même qui marque la frontière entre les deux ouvrages de Virgile : Les Bucoliques et L'Enéide. [...]
[...] Celui-ci ne peut la diriger comme bon lui semble sans la voir se retourner contre lui. Ce modèle du jardin paradisiaque de La Bible, témoigne donc de ce passage d'un monde idyllique à un monde commun, dans lequel le lecteur vit et va retourner après sa lecture, d'où cette décadence textuelle qui paraît apporter une prévision sur l'avenir du monde : si les souverains tentent de surpasser la nature par leur pouvoir, l'univers court alors à sa perte. De même, dans Les Bucoliques de Virgile, on peut voir, à travers le premier récit sur Tityre et Mélibée, que l'auteur implique à son texte un sentiment de reconnaissance envers le prince Octave Auguste, tout en montrant le sort des paysans spoliés de son temps dont il se fait alors porte-parole. [...]
[...] En effet, dans le texte de Pierre de Marbeuf, l'auteur écrit : Etant dessus le sable elle écrivait sur l'onde, / Afin que ses serments ne l'obligeassent pas l'eau a donc ici la capacité d'effacer les promesses à la manière d'un dieu ayant tous les pouvoirs. Cela semble expliquer l'engouement qu'ont les auteurs à prier cette allégorie divine qui paraît surpuissante, omniciente comme dans l'Astrée, d'Honoré d' Urfé, où apparaît la fontaine de la vérité de l'amour caractérisée par son savoir absolu et sacré. Ensuite, il est possible d'étudier la présence importante des fleurs, arbres et fruits au sein de la poésie pastorale. [...]
[...] Le locus amoenus apparaît alors comme le déguisement de la réalité du monde, à la manière des mythes antiques. Il s'agit de remarquer la présence en son sein d'une thématique du déguisement présentant une face cachée de la politique qu'il critique. Le jardin idyllique est donc ici une illusion éphémère d'un monde parfait rapidement détruit par la dure réalité du monde. Tout d'abord, il est possible d'observer que le locus amoenus est un lieu où les normes ne sont pas les mêmes que dans la vie civilisée. [...]
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