Confondre le pastiche et la parodie n'est pas chose difficile, les deux pratiques, voire les deux genres se rassemblent sous une même bannière : l'art du détournement. Pourtant, à en croire Genette, on trouve aussi des différences. Dans Palimpsestes nous pouvons résumer ainsi la distinction qu'il fait : le pastiche c'est l'imitation d'un style ou d'un genre tandis que la parodie c'est la transformation d'une œuvre dont le but est souvent de se moquer (en tout cas de provoquer le rire).
Mais l'expression de « second degré » employée par Genette pour parler de pastiche ne risque-t-elle pas de créer une confusion entre les deux genres ? Nous étudierons dans une première partie que le pastiche et la parodie sont deux littératures au « second degré » puis dans un deuxième temps que toute littérature est un pastiche et que seule reste la parodie et enfin nous verrons que le pastiche et la parodie ont deux fonctions distinctes.
[...] Or ces activités qui supposent une distance sont souvent génératrices d'ironie, créant par là un effet de désacralisation de l'œuvre. b. La désacralisation du phénomène créatif On peut parler de littérature au second degré, car il nous est possible d'avoir un recul vis-à-vis de cette même littérature. La distanciation désacralise la littérature et les grands écrivains : c'est la désacralisation des mystères du langage de la poésie, de l'instance créatrice et de la figure du démiurge, particulièrement celle des mythes de l'inspiration du génie. C'est donc le rôle de la satire qui est l'outil de la démystification. [...]
[...] Ce sont des loupes à travers lesquelles la littérature s'observe : sérieusement, quand il s'agit du pastiche, et sur le mode du rire en ce qui conserve la parodie. Mais faire un pastiche ne serait-il pas un moyen pour quelqu'un qui veut lire, mais ne trouve pas ses propres sujets, de réaliser une œuvre malgré tout ? Ne serait-ce pas alors une forme de plagiat puisqu'un mimétisme délibéré ? [...]
[...] II/ Toute littérature est un pastiche, seule reste la parodie a. Toute œuvre est un pastiche La transposition littérale d'une langue à l'autre dans la traduction d'une œuvre est dit-on impossible (il faut moduler, transposer Dans ce cas-là ne pouvons-nous pas penser que le but du traducteur est d'imiter au plus près le style de son auteur ? Que fait-il sinon un pastiche ? Une œuvre traduite n'est pas identique à l'original, elle constitue une œuvre à part entière avec la marque de son auteur qui est en réalité un pasticheur. [...]
[...] Ainsi quand on lit Ubu Roi d'Alfred Jarry on peut trouver des pastiches de nombreuses pièces notamment d'Andromaque de Racine à l'acte V scène 1 Grâce au ciel j'entrevoie Monsieur le père Ubu qui dort auprès de moi. Le début de la réplique renvoie à la pièce de Racine et invite le lecteur à la relire. Le pastiche est un moyen de redonner un nouveau souffle, de prouver que toute œuvre restera immortelle. Le pastiche et la parodie ne sont pas simplement des imitations. [...]
[...] Proust se fait le théoricien de cette idée dans son œuvre Pastiche et mélange où il écrit : faire un mélange volontaire pour après cela redevenir original pour ne pas faire toute sa vie des pastiches involontaires Faire un pastiche ou une parodie nécessite de parfaitement connaître les fonctionnements du texte d'origine ce qui permet de se détacher des styles des auteurs précédents. On peut aussi parler de catharsis, car il y a une fonction purgative. Ainsi, Verlaine s'autopastiche dans un de ses poèmes du recueil parallèlement afin d'éviter de tomber dans le radotage et la caricature de lui-même. Mais l'expression faire toute sa vie du pastiche involontaire pose un problème considérable : ou s'arrête le pastiche ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture