Corpus de 4 textes : Dictionnaire philosophique, Le jeu des possibles, Essais et Lettres persanes.
[...] Enfin, le succès d'une argumentation réussie peut également dépendre du pathos ou bien de l'auditoire considéré. Nous l'avons vu récemment en politique, on ne s'adresse pas de la même manière selon que l'on vise un public de classe ouvrière ou une classe aisée. Si le contenu du discours est, bien entendu, différent, les formes employées varient, en fonction des caractéristiques supposées ou prêtées au public receveur. Lorsque Jean-Luc Mélenchon recourt aux hologrammes pour diffuser ses interventions, il sait qu'il suscite l'admiration par la nouveauté du procédé utilisé. [...]
[...] Il serait donc juste de considérer le choix du support argumentatif comme une modalité propre au caractère même de l'orateur et de son message. Lorsque Cicéron note que « Les orateurs élèvent la voix quand ils manquent d'arguments », l'homme d'Etat romain en appelle aux qualités intrinsèques et personnelles de l'orateur plus qu'aux moyens. Certains considèrent l'exercice comme un devoir, d'autres comme un Art. C'est ainsi que François de La Rochefoucauld, Maximes (1664) remarque que « L'homme le plus simple qui a de la passion persuade mieux que le plus éloquent qui n'en a point. [...]
[...] Dès lors, on peut se demander si, parmi les différentes formes que peut prendre l'argumentation, certaines peuvent être plus efficaces que d'autres ? Nous verrons, d'abord, que certains mediums peuvent être meilleurs que d'autres. Puis, nous nuancerons ce point de vue à la lumière de la définition même du mot medium. Enfin, nous verrons que la qualité d'une argumentation dépend, finalement, d'une pluralité de facteurs, qui dépassent le simple cadre de l'étude des moyens. Pour etre bon, un argument doit pouvoir toucher et faire adhérer intégralement son auditoire. [...]
[...] Il existe un autre procédé argumentatif, s'opposant directement au discours émotionnel. Il s'agit de la recherche de conviction. Ce mécanisme fait appel à la raison et non plus aux sentiments et permet au biologiste François Jacob, discourant à propos de dogmatisme, de dire que « rien n'est plus dangereux que la certitude d'avoir raison » opposant ainsi folle passion et froide raison. Le scientifique rappelle, à cet effet, que la vérité ne saurait être une et intangible. Il démontre que la force d'un argument dépend de la passion initiale qui le dirige, de son intensité et non de l'argument lui-même, prouvant que la science ait pu être employée à des fins qu'elle ne s'autorisait pas. [...]
[...] En effet, la forme de l'argumentation n'est pas plus importante que le discours ou le message lui- même. Et l'on peut dire que, quel que soit le mode, la force de l'auteur lui-même a toute prérogative sur la forme du discours. Enfin, on peut admettre qu'il existe, en réalité, autant de moyens que d'orateurs, l'argumentation pouvant être considérée comme un langage. Or, comme tout langage, elle peut emprunter différentes formes ou tournures qui toutes, sont des traductions ou transpositions équivalentes d'une même idée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture