Analyse construite autour du thème de Paris dans Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. L'étude porte essentiellement sur la section Tableaux parisiens mais vise avant tout à montrer la cohérence du recueil à travers le choix du lieu : la ville de Paris. En effet, l'ambivalence inhérente à la description de Paris chez Baudelaire est à l'image de ses préoccupations esthétiques.
[...] On assiste donc à un triomphe de la modernité où Paris devient, comme l'affirme le poète dans les 7 vieillards une fourmillante cité, cité pleine de rêves C'est dans ce lieu du fourmillement et du passage que Baudelaire nous décrit le hasard de ses rencontres, comme en témoignent les titres de la section : A une mendiante rousse Les sept vieillards les petites vieilles les aveugles ou encore A une passante Les tableaux parisiens deviennent alors l'occasion pour le poète d'une ouverture au monde, d'un arrachement au repli du JE qu'exaltait le Spleen et Idéal où le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Le Paris décrit par Baudelaire est bien celui d'une ville changeante, une ville où la modernité s'affiche à chaque coin de rue. La modernité en tant que principe esthétique fondateur de la création baudelairienne Dans son ouvrage Curiosités esthétiques, Baudelaire développe sa vision esthétique du monde et de l'art. Dans le chapitre 15 intitulé le peintre de la vie moderne qu'il consacre au dédicataire du poème rêve parisien Constantin Guys, il brosse le portrait de ce dernier de la manière suivante : ainsi il va, il court, il cherche. Que cherche-t- il ? [...]
[...] Tout le poème se construit autour du couple je verrai/je rêverai ce qui confirme bien la dimension onirique de la vision urbaine de Baudelaire. Le deux mains au menton, du haut de ma mansarde / Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde / Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité / Et les grands ciels qui font rêver d'éternité De plus, la position surplombante adoptée par le poète du haut de mansarde nous propose une vue panoramique sur les toits de Paris qui le pose en retrait de sa description. [...]
[...] Dans les Tableaux parisiens un deuxième oiseau vient symboliser cette figure de poète maudit : le cygne. Le thème de l'exil : le cygne comme symbole du poète maudit Le poème Le cygne construit la figure emblématique du poète exilé dans lequel l'oiseau représente une sorte de rappel à l'ordre de la pesanteur terrestre. Baudelaire convoque dans ce poème deux figures que tout semble séparer : d'un côté un personnage illustre des légendes antiques, Andromaque ; et de l'autre un animal aux gestes fous. [...]
[...] Le diptyque constitué des poèmes Les sept vieillards et Les petites vieilles est révélateur de cette marginalité. Le premier vieillard décrit, des vers 13 à 28, souligne tout un processus d'animalisation, de dégénérescence qui met sous les yeux du lecteur la figure emblématique de l'exclu. Dans le poème suivant, Les petites vieilles Baudelaire renforce l'idée d'un Paris de l'exclusion lorsqu'il s'indigne Vous qui fûtes la grâce ou qui fûtes la gloire / Nul ne vous reconnaît ! Un ivrogne incivil / Vous insulte en passant d'un amour dérisoire ; / Sur vos talons gambade un enfant lâche et vil Plus loin Et nul ne vous salue Toute identité, tout respect sont refusés à celles qui considérées comme débris d'humanité L'infirmité physique des aveugles (poème XCII) en fait aussi des êtres de l'exclusion. [...]
[...] On comprend en tout cas à ce niveau que le projet esthétique de Baudelaire ne pouvait exclure Paris. Les figures de la marginalité : la modernité confrontée à un peuple marqué par la malédiction Les rencontres baudelairiennes : une population parisienne en marge L'évocation de la vie urbaine, de la modernité que constitue la thématique de la capitale s'accompagne de celles des habitants, des figures constitutives de l'espace parisien. Or, ces figures apparaissent en décalage complet avec ce qu'on pourrait attendre des effets de la modernité dépeinte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture