Lecture analytique de l'extrait Le pardon du marquis des Arcis tiré l'oeuvre Jacques le fataliste de Denis Diderot.
[...] je ne le croie jamais II) Pardon et morale D'autre part, l'anecdote du marquis des Arcis se distingue de l'ensemble du roman par son caractère édifiant. Le marquis prend en charge la responsabilité de la faute ( En vérité, je crois que je ne me repens de rien Il tire les enseignements de cette expérience douloureuse et formule, en quelque sorte, la morale de l'histoire. Il marque son mépris pour son ancienne maîtresse, Mme de la Pommeraye, qui en usant de stratagèmes immoraux, s'est déshonorée ( . [...]
[...] La fin de l'histoire du marquis des Arcis comporte donc une morale qui affirme la puissance de l'amour et du pardon contre les attaques de la ruse et de l'intrigue. Cette morale est d'ailleurs reprise, dans un effet de miroir, par Jacques qui commence le récit que vient d'achever l'hôtesse Et je gagerais bien que ces trois ans s'écoulèrent comme un jour, et que le marquis des Arcis fut un des meilleurs maris et eut une des meilleures femmes qu'il y eût au monde On assiste ainsi à une mise en distance du récit ; le lecteur de Jacques le fataliste va retrouver dans les personnages l'auberge, ses propres réactions. [...]
[...] Son épouse, elle, se maintient dans une attitude prostrée, dans la position d'une femme qui cherche encore à être pardonnée ( Elle était restée le visage caché dans ses mains et la tête appuyée sur les genoux du marquis Cette attitude manifeste l'humilité et la honte éprouvées par la marquise vis-à-vis de sa faute passée. La scène est décrite par Diderot de manière fort visuelle : on songe ici à l'esthétique pathétique des tableaux de Greuze. Le jeune femme paraît agitée de mouvements psychologiques contraires que son attitude incarne parfaitement. Le remords fait ainsi place à la reconnaissance émue. La soudaineté de ce changement d'attitudes est notée par Diderot ( . [...]
[...] Une mise en scène de l'émotion Le roman trouve dans le pardon du marquis des Arcis, une tonalité particulière. Tout est ici expression de la sensibilité, émotion débordante, dans la tradition théâtrale du drame à laquelle Diderot s'était beaucoup intéressé. La scène est traitée dans une alliance de dialogues et de gestes qui rappelle d'ailleurs le théâtre. Le marquis pardonne, prononce les mots qui effacent la faute de sa femme ( Ah ! lui disait le marquis, je vous ai pardonné ; je vous l'ai dit, et je vois que vous n'en croyez rien . [...]
[...] Les dernières paroles du marquis montrent qu'il a définitivement tiré un trait sur toute cette histoire : il annonce à sa femme leur départ pour sa seigneurie de province . nous partons pour ma terre Ce déplacement géographique manifeste ainsi une volonté de rupture avec le passé. Diderot en profite d'ailleurs pour glisser une notation à caractère sociologique : en filigrane, on devine l'image de la société parisienne, où tout se sait, où les rumeurs déshonorantes circulent très vite. Le pardon, c'est aussi l'oubli du monde et du poids du regard social . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture