Les Paravents, Jean Genet, politique coloniale, algérie, pièce de théâtre, antiréalisme, illusion
Alors qu'il a longtemps défendu la thèse que le théâtre était un traquenard dans lequel il semble impossible de différencier le sérieux du ludique, la vérité de l'illusion ou l'imaginaire de l'expérience vécue, la pièce de théâtre Les Paravents marquent une rupture. Véritable dialogue de sourds entre communautés, la pièce qui se passe au Maghreb propose de mettre en scène une centaine de personnages sur scène dans un ensemble de seize tableaux dont les décors sont essentiellement constitués des paravents. Véritable épisode excentrique, Genet, qui refuse d'aller voir la pièce pour ne pas se pervertir de son propre théâtre, met en scène l'excentricité et la grandiloquence. Le chaos domine le quotidien des personnages, qu'ils soient indigènes ou européens.
[...] Aussi, lors des premières représentations, Les Paravents est reçue comme une critique vive du colonialisme. Les mouvements d'extrême droite et les associations d'Anciens combattants essaient de faire interdire la pièce. Pourtant, l'utilisation des costumes de la période liée aux années 1840 apporte un anachronisme et inscrit l'action hors du temps. Si l'action se situe en Algérie, comme le montre le "costume traditionnel algérien" du Cadi dès le Septième tableau, la présence de noms de colonisateurs anglo-saxons évoquent d'autres puissances coloniales que la France. [...]
[...] L'effondrement des mots marque la révolte qui s'amorce. Lorsque le Lieutenant donne l'ordre de viser les miroirs, cela démontre que l'effondrement de l'empire se déroule le jour où l'image de ce qu'ils ont construit soit confronté à la réalité. Le couple au cœur de l'intrigue, Leila et Saïd représentent l'image que les colons ont construite des Arabes. Leila est laide, mais cette laideur n'existe que dans les mots. Son visage est dissimulé. De son côté, Saïd a honte de sa femme parce qu'elle est laide. [...]
[...] Aux yeux de Genet, la révolte est ramenée au vide, car superficielle. Comme nous venons de le voir, la puissance coloniale est illusoire et artificielle. Sa légitimité repose sur le lien entre le discours colonialiste et la mise en scène théâtrale. En remettant en cause le langage comme leurre à la base du pouvoir colonial, Genet démonte le principal mécanisme du théâtre. L'objectif est de créer une prise de conscience de ce qui se passe sur scène mais aussi dans le public. [...]
[...] Pourtant, c'est aussi sur eux que se met en œuvre l'illusion qui permet de représenter une frontière mécanique entre la vie et la mort. Genet invite tous ses spectateurs à sortir de sa posture traditionnelle. Les acteurs possèdent la scène de ses objets et de ses décors. Á la fin, la pièce laisse une image de transparence et donc d'illusion. Ce vide est la vérité, qui est privée de tout art, absence de vérité ou de vérité. La pièce Les Paravents est dans l'image de sa décoration : l'auteur déclare vouloir une scène limitée et limitée dans un théâtre en plein air : ouverte et fermée à la fois. [...]
[...] Les Paravents - Jean Genet (1961) - En quoi cette pièce constitue-t-elle une célébration du vide ? Introduction Selon Genet lui-même, sa pièce Les Paravents serait la célébration " de rien " : " Les pièces, habituellement, dit-on, auraient un sens, pas celle-ci. C'est une fête dont les éléments sont disparates, elle n'est la célébration de rien Alors qu'il a longtemps défendu la thèse que le théâtre était un traquenard dans lequel il semble impossible de différencier le sérieux du ludique, la vérité de l'illusion ou l'imaginaire de l'expérience vécue, la pièce de théâtre Les Paravents marquent une rupture. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture