Posons nous la question des liens entre le théâtre d'art et Wilson : faut il le considérer comme un étranger ou comme un fils caché ? Wilson, en perpétuelle évolution est indécryptable mais sa posture créatrice, sa démarche, son discours, relève de la même énergie que Craig et le théâtre d'art. Wilson, expérimentateur d'une scène encore sans nom diffère sur bien des points du théâtre d'art mais s'en rapproche aussi beaucoup…ainsi nous verrons de quelles manières Craig et Wilson sont proches même si ce dernier rejette son appartenance face à ce théâtre. L'unité esthétique est dans la démarche, dans l'exigence, dans une foi en une certaine qualité de l'œuvre mais aussi dans certaines idées telles que la place de l'acteur ou le statut du texte
[...] Wilson joue également sur différentes langues : le texte est découpé, le spectateur n'est pas censé pouvoir saisir le texte dans sa totalité, ainsi, ces procédés insistent pour bien montrer que le texte n'est pas message d'évangile Il ira même jusqu'à déclarer que c'est la le meilleur moyen de rendre la richesse d'un texte, de ne pas le tronquer, de lui conserver toute sa liberté. Il y a refus du sens, de toute parole explicative. L'art de Wilson se dit mal. Son approche formelle ne peut être que difficilement et imparfaitement appréhendée par le langage. [...]
[...] III) Parallèles Wilson et Craig Le rejet d'un théâtre Dans les premières parties de Craig et de Wilson, consacrées à dénoncer un théâtre exécré par les deux artistes, on retrouvera cette même haine de l'époque moderne dominée par l'industrialisme, les pièges du vedettariat ou du cabotinage et l'intérêt pour l'argent. La démarche des deux maîtres se veut désintéressé, en dévouement à un art total, à une profession de foi, telle une religion. Le théâtre pour lequel ils aspirent est un théâtre neuf, sans lois préétablies, la liberté pour un théâtre digne de ce nom. Engagés, ils ont foi en ce théâtre de l'avenir et mettent tout en œuvre pour y parvenir. Craig et Wilson ont tous deux une passion véritable pour le théâtre, pour un théâtre d'art. [...]
[...] Le régisseur passe avant les acteurs selon Craig. Le régisseur est défini comme l'homme nouveau, détenteur du pouvoir central : quand on l'aura trouvé, il faudra lui donner les pleins pouvoirs il est le maître absolu, le messie, porteur de tous les espoirs Tant qu'on ne comprendra pas que la discipline du théâtre consiste en l'obéissance volontaire au directeur de la scène on ne pourra rien entreprendre. Il est à l'acteur ce que le chef d'orchestre est aux musiciens, il est définit comme un interprète : en recevant la pièce des mains de l'auteur à la première lecture toute la couleur, la tonalité, le mouvement et le rythme qui devront caractériser la pièce, surgissent nettement de son esprit . [...]
[...] Le texte est également pris en charge par le visuel. En donnant le fil narratif dans le titre, l'histoire n'a plus vraiment besoin d'être racontée, elle est déjà connue. L'esthétique Les esthétiques de Craig et de Wilson divergent quant à elles et tous les points ne sont pas nécessairement à reprendre mais il est intéressant de retenir l'idée du théâtre d'art soucieux de conserver un certain style, en retrait avec la plupart des pièces de l'époque. Leur parti pris pour le mouvement, l'espace scénique architectural ou épuré est un choix qui détermine avant tout l'aventure du théâtre d'art et son envie de réforme. [...]
[...] Craig parlait du théâtre en son entier et avait du mal à se résoudre au contexte théâtral qui l'entourait. Dans la rubrique The theatre, les jugements qu'il portait sur les différents théâtres étaient tranchants. Le théâtre de son pays d'origine n'échappait pas à sa férule, même si le maître trahissait dans ce cas quelque peu d'amertume et de regret. Craig ne se souciait pas tellement du fait que le théâtre était en retard par rapport au développement récent des arts figuratifs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture