Cette dissertation a pour objectif de répondre aux propos de Gérard Defaux sur le Gargantua : « L'écriture, dans le Gargantua, a beau se mettre parfois au service de l'idéologie, elle ne respecte rien. Elle n'obéit en définitive qu'à ses propres lois, et celles-ci n'ont à l'évidence rien de commun avec celles qui gouvernent le “plus haut sens”. C'est que Rabelais se préoccupe moins de la réalité et de la vérité historique que du jeu, du rire, de la création d'un univers par le langage ».
Il s'agit ici de contester cette affirmation en rappelant que François Rabelais n'est pas q'un "bouffon facétieux", c'est aussi un grand philosophe digne de l'humanisme renaissant.
[...] Son style est fait de verve et de jovialité mais aussi du plaisir de la chère. C'est ce que le critique Mikhaïl Bakhtine nomme le concept du réalisme grotesque. Rabelais, écrivain très moderne, est en effet le premier à avoir utilisé, audacieusement, dans son écriture des mots ou expressions tels que bren (merde) ou lycisque orgoose (chienne en chaleur). Il va même jusqu'à créer des néologismes, il nous a d'ailleurs légué des mots, passés dans l'usage courant, comme encyclopédie Rabelais est donc, encore aujourd'hui, le romancier le plus moderne qui soit. [...]
[...] "Pantagruel" de Rabelais (Dissertation) François Rabelais, grand écrivain français du XVIe siècle, est le premier à écrire en langue vernaculaire. Il fait partie de ces érudits que l'on appelle les Humanistes qui prônent, entre autres, la diffusion du savoir à l'échelle internationale. Dans son premier roman, Pantagruel, Rabelais fait preuve d'une grande virtuosité du langage et se fait créateur de mots mais aussi polémiste, savant et précurseur dans de nombreux domaines. Pourtant, Gérard Defaux, professeur à la Johns Hopkins University (USA) depuis 1981 et agrégé de Lettres, proclame, dans la préface de Gargantua, applicable au Pantagruel, que L'écriture, dans le Gargantua, a beau se mettre parfois au service de l'idéologie, elle ne respecte rien. [...]
[...] Pour Anatole France, dans La Vie littéraire, ce qui rend l'écriture de Rabelais si grande, c'est qu'elle ne suit aucun procédé : La plus grande chance qu'on ait de faire un chef-d'œuvre, c'est de ne s'y point préparer, d'être sans vanité littéraire [ ] Rabelais est, en fait, un écrivain très moderne chez qui on ressent déjà la pratique des jeux formels du XXe siècle de l'OULIPO ou, plus anciennement, des Grands Rhétoriqueurs. On peut donc affirmer sans peine que Rabelais n'est pas seulement le créateur d'une écriture mais bien de multiples écritures. [...]
[...] Il y a clairement dans ce roman une ambition humaniste avec, par exemple, la glorification du mariage (dans la déploration funèbre de Gargantua) et donc de la femme qui n'est plus rabaissée au sein de la société. Rabelais est le parfait modèle des Humanistes de la Renaissance, qui luttent avec enthousiasme pour renouveler, à la lumière de la pensée antique, l'idéal philosophique et moral de leur temps. En effet, le thème du géant n'est pas exploité uniquement pour son comique. Pantagruel comme Gargantua symbolisent l'idéal humain de la Renaissance, ils sont la transposition physique de l'immense appétit intellectuel, la libido sciendi, de l'homme renaissant. [...]
[...] On constate, à la lecture du Pantagruel, que Rabelais use généreusement de la figure de l'accumulation et de l'énumération. Rabelais, à travers la juxtaposition sans fin de ces substantifs, tente de dire toutes les variétés du réel. Ce qui révèle une volonté de tout savoir (libido sciendi). Michel Foucault pense qu'il s'agit là d'une façon de penser. En effet, le XVIe siècle marque l'ambition de tout connaître, de tout voir et de tout nommer, ce qui marque une ambition encyclopédique. [...]
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