Sujet: Selon André Maurois: "il semble qu'un roman doive, pour remplir son rôle, contenir deux éléments. D'une part, une image de la vie, un récit auquel nous puissions croire, au moins pendant le temps de notre lecture (...), d'autre part, une construction intellectuelle, groupant, selon un ordre humain, ces images naturelles." Vous appliquerez ce jugement à l'oeuvre de Proust.
[...] A travers la clientèle du " Grand hôtel", le narrateur nous présente la bourgeoisie dorée. Les descriptions de personnes telles qu'Octave, rencontré sur le chemin avec Albertine, nous permettent de prendre conscience des différentes classes sociales présentes. Les moeurs de l'aristocratie y sont décrites. De même, l'Eglise de Balbec et la petite vierge nous sont décrites avec réalisme, ce dernier déçoit le narrateur éprit de ses divagations imaginaires permanentes et qui, une fois qu'elles sont confrontées à la réalité semblent décevantes. [...]
[...] Le réalisme est ainsi également présent à travers l'idéalisme et c'est par ce dernier que nous accédons à notre réalité. L'évolution du narrateur devient alors notre propre évolution. Le réel semble ainsi transcendé par le narrateur, de manière à en saisir la quintessence. En effet, dès les premières pages, le narrateur se présente comme un être sensible, doté d'une sensibilité supérieure aux autres personnes. Le réel qui se présente à lui, ces "images naturelles" ne sont pas pour lui la réalité du monde. [...]
[...] Ces jeunes filles par leur vivacité suscitent l'intérêt du narrateur et ses sensations. A travers ce désir collectif de ce groupe de jeunes filles décrites telles un bouquet de roses, dont chacune des jeunes filles serait une rose accrochée à un coeur commun, le narrateur tente en réalité d'accéder à travers le choix d'albertine à une conception particulière de l'amour, celle de sa forme déceptive. En effet, le moment où l'on se rend compte de l'amour est alors le moment ou la personne nous échappe. [...]
[...] L'imagination transcende le réel, et permet dès lors, par de nombreuses comparaisons et cela grâce à l'usage de phrases en rosace, d'accéder à un autre réel, un réel transfiguré, arraché à sa matérialité. Ainsi, le portrait de St Loup constitue un exemple majeur. Ce jeune homme qui revenait de la plage est sublimé par la vision du narrateur qui en partant du réel, de son aspect vestimentaire, par suite de comparaisons le décrit comme un être sublime, tel un rayon de soleil. [...]
[...] Ainsi, cette oeuvre de Proust tente-t-elle à l'instar du buit baudelairien de devenir une oeuvre de l'âme à l'âme. Il ne s'agit plus simplement de passer par la construction du roman ou par les procédés narratifs pour permettre au lecteur de s'identifier au narrateur, mais il s'agit bien plus loin, de tenter de communiquer avec le lecteur en lui racontant sa propre histoire. Ainsi le but du lecteur n'est-il plus seulement d'adhérer à l'histoire quelques temps, mais bien plutôt de s'y retrouver de manière frappante, profonde et intime dans son moi individuel qui lui est peut-être seulement légèrement apparent. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture