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Le document s'appuie sur un corpus de textes comprenant "La rage de l'expression" de Francis Ponge, "Cahier de verdure" de Philippe Jaccottet, "Art poétique" d'Eugène Guillevic, "La Complainte" de Charles d'Orléans, "Grands lieux" d'Hélène Gaudy, "À une heure incertaine" de Primo Lévi, "Tanzabend II" et "Le Sacre du printemps" de Pina Bausch.
"C'est cela que j'appellerai vivre en poésie : prolonger le réel non par du fantastique, du merveilleux, des images paradisiaques, mais en essayant de vivre le concret dans sa vraie dimension, vivre le quotidien dans ce qu'on peut appeler — peut-être — l'épopée du réel." L'ambition et la manière d'Eugène Guillevic de "vivre en poésie" en convoquant l'épopée semblent de prime abord bien déconcertantes. Le dictionnaire CNRTL définit l'épopée comme un "long poème ou vaste récit en prose au style soutenu qui exalte un sentiment collectif, souvent à travers les exploits d'un héros historique ou légendaire". À cette filiation revendiquée avec le genre littéraire médiéval, Guillevic ajoute d'autres notions que sont les lexèmes "concret", "quotidien" et "réel". Des termes qui sous-tendent les notions de totalité, de reproduction et d'autonomie.
[...] Au-delà des ruptures et des nouveaux chemins, ne peut-on pas voir dans ces dénominations de prime abord antithétiques que sont « épopée du réel » et « lyrisme du quotidien » une réconciliation des concepts ? De la même manière que Ponge et Jaccottet utilisent des techniques scientifiques pour créer de la littérature, la poésie et le quotidien semblent s'éclairer mutuellement. Jaccottet écrit ainsi page 84 des Cahiers de verdure « il y a peut-être un lien, pas seulement une contraction ». Dès lors, ce qui semblait être une tension apparaît comme désamorcé, dépassé. Des affranchissements qui posent l'autonomie de la nature et interrogent le genre poétique Cette tension outrepassée, que reste-t-il ? [...]
[...] Son recours au discours généralisant tel qu'on le trouve dans « Le Cerisier » apparaît comme le prolongement du réel. Ponge, quant à lui, vise à « transférer aux mots » le réel, là où Guillevic espère accéder directement à la réalité sans que les mots n'interfèrent. Il voit la métaphore comme un obstacle et tend à s'en libérer. Gaudy, pour sa part, opère une « une liquidation de la réalité », qui passe notamment par la fictionnalisation du paysage. [...]
[...] Plus encore, Ponge se dit méfiant envers les mots « J'ai fait l'expérience de l'absurde à propos du langage » écrit-il. Quid de ce poète qui ne fait pas confiance à son outil de travail et opère une fuite des symboles ? L'auteur va même encore plus loin en tenant la tension entre anti-poète et non-poète, théorisée par Jean-Marie Gleize. À la quête épique succède celle de la « qualité différentielle ». Peut-on dès lors y voir une réactualisation des motivations de l'épopée ? [...]
[...] Si, comme nous l'avons vu, l'Homme y est le médium du réel, puisque le texte émerge à « à travers » une personne, quid de l'héroïsme, de la légende, de l'exploit ? La thématique de l'enfance, dans sa présence comme dans son absence semble porter en creux la question l'autonomie de soi et de la nature. Elle fait en ce sens écho aux mythes initiatiques bien présents dans la tradition médiévale de l'épopée (on pense ainsi notamment à la légende arthurienne). [...]
[...] Gaudy évoque également l'art pictural via l'évocation de René Magritte, peintre surréaliste. Ces influences traduisent une certaine universalité de l'art, au-delà du mode d'expression. Comme la poésie semble débarrassée de grandiloquence, les codes qui enfermaient les arts semblent se délier au profit de l'expression d'un même affranchissement. Les diverses émancipations de forme et de motifs précédemment évoquées se sont-elles produites au prix du rejet de la transcendance ? La nature ainsi décrite est-elle toujours perçue et écrite comme une héritière du jardin d'Eden ? [...]
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