Il a été d'usage, à une époque de la critique littéraire (XIXème siècle) d'envisager la critique des oeuvres en fonction de la biographie de leur auteur, considérant que la connaissance de la vie de l'auteur pouvait servir à mieux comprendre l'oeuvre. On pourrait envisager réciproquement, que les oeuvres nous apprennent des choses sur la vie de leur auteur, et que chaque texte aurait une portée autobiographique. C'est plus ou moins l'idée exprimée par Paul Valéry en 1931 : « En vérité, il n'est pas de théorie qui ne soit un fragment, soigneusement préparé, de quelque autobiographie. ». D'après lui, toute théorie littéraire, toute poétique est révélatrice de l'intimité de l'écrivain, car elle met en évidence ses obsessions, ses névroses, son inconscient. On peut même étendre cette opinion à la littérature en général : considérant qu'une oeuvre est la mise en application d'une poétique, toute oeuvre serait un fragment préparatoire d'une autobiographie.
Dans un premier temps, nous verrons donc que toute poétique est une projection de l'auteur, puisque les choix esthétiques comme leurs applications nous révèlent les névroses de l'écrivain. Cependant, pour faire face à ce qu'ils considèrent comme un danger et une prostitution, certains auteurs font le choix de l'implication zéro dans leurs oeuvres, et affirment leur volonté d'une oeuvre pure, refusant le personnel. Mais ce choix même n'est pas tenable, puisque les auteurs finissent toujours par se projeter dans leur oeuvre, et que ce refus du personnel est lui-même révélateur (...)
[...] On pourrait envisager réciproquement, que les œuvres nous apprennent des choses sur la vie de leur auteur, et que chaque texte aurait une portée autobiographique. C'est plus ou moins l'idée exprimée par Paul Valéry en 1931 : En vérité, il n'est pas de théorie qui ne soit un fragment, soigneusement préparé, de quelque autobiographie. D'après lui, toute théorie littéraire, toute poétique est révélatrice de l'intimité de l'écrivain, car elle met en évidence ses obsessions, ses névroses, son inconscient. On peut même étendre cette opinion à la littérature en général : considérant qu'une œuvre est la mise en application d'une poétique, toute œuvre serait un fragment préparatoire d'une autobiographie. [...]
[...] Il apparaît effectivement que toute théorie est une sorte d'autobiographie puisque la poétique est une projection de l'auteur, où l'auteur se livre et se met en danger. Cependant, pour éviter ce danger et ce qu'ils considèrent comme une sorte de prostitution, certains auteurs ont fait le choix de refuser le personnel et de créer une œuvre pure. Cependant, c'est ici qu'apparaît le décalage entre la poétique et la pratique. Même les auteurs qui revendiquent dans leurs textes théoriques une œuvre impersonnelle sont amenés à admettre l'échec de ces tentatives. [...]
[...] En effet, l'auteur est habité par son œuvre et elle apparaît comme formatrice, puisqu'elle lui permet souvent de se réaliser, d'exister. La poétique, la théorie apparaît alors comme un leurre construit par l'auteur, mais qui se trouve mis à jour par la praxis. Et les œuvres littéraires comme théoriques peuvent être considérés comme autobiographiques dans la mesure où elles sont une projection inconsciente de leur auteur. [...]
[...] Flaubert refuse donc clairement l'autobiographique et revendique l'invention. André du Bouchet, dans Dans la chaleur vacante, résume finalement très bien cette idée d'une écriture où l'écrivain ne se projette pas: J'écris aussi loin que possible de moi. En poésie, ce refus du personnel s'exprime dans le principe de poésie pure, d'une œuvre qui refuse toute référence à son auteur. Mallarmé incarne bien cette poétique, par son refus de l'incarnation, ce refus du corps. Avec le Symbolisme, l'écriture devient un lieu d'expérimentations, où l'on cherche à vider le poème de toute référence personnelle, mais même de toute référence en elle-même. [...]
[...] Flaubert pense avoir atteint cet objectif avec Madame Bovary. Ainsi, il affirme dans une lettre à Louise Colet avoir réussi son but de l'impersonnalité: Les livres que j'ambitionne le plus de faire sont justement ceux pour lesquels j'ai le moins de moyens. Bovary, en ce sens, aura été un tour de force inouï: sujet, personnage, effet, etc., tout est hors de moi. Il développe encore cette conception de la littérature dans une Lettre à Mademoiselle de Chantepie: Madame Bovary n'a rien de vrai. [...]
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