Etude portant sur l'oeuvre picturale de Victor Hugo ainsi que sur sa place au regard de son oeuvre littéraire. Elle s'appuie sur son ouvrage Les Travailleurs de la Mer, manuscrit largement illustré par l'auteur.
[...] L'exemple des Travailleurs de la mer Fruits d'une seule et même imagination, dessins et écrits participent de la même esthétiques et brassent le même fonds d'images mentales, d'idées et d'affects : de là, entre les uns et les autres, une multitude d'analogies, superficielles ou révélatrices. Pourtant, peu de dessins ont été conçus en fonction de textes précis, et réciproquement. Surtout, quand un dessin renvoie formellement à un texte, il n'en est jamais l'équivalent littéral exact : qu'il se situe en amont ou en aval, il nous introduit dans sa genèse et dans la familiarité de son sens. [...]
[...] Techniques et inspirations Des techniques diverses Les premiers dessins, à partir de 1830, sont de petites caricatures faites pour le plaisir de l'auteur et de ses proches, ainsi que des vues de sites et de monuments. Le plus souvent dessinées au crayon avec un souci marqué de fidélité, ces dernières sont parfois reprises à l'encre, dans de beaux effets de clair-obscur qui les dramatisent, trahissant l'emprise immédiate de la "chose vue". Victor Hugo ne se prétendait pas peintre ou dessinateur, et la seule formation officielle au dessin qu'il reçoit est celle reçue à l'école. Il se forme donc sur le tas auprès d'amis peintres et maîtrise rapidement les techniques et les matériaux les plus traditionnels. [...]
[...] En revanche, le Hugo dessinateur est nettement moins connu. Certes, certains de ses dessins (les portraits de ses personnages et autres couvertures d'éditions de poche) ont été publiés, mais la plus grande partie de son œuvre picturale reste méconnue. Hugo dessinait pour ses romans, ses repérages, mais surtout et avant tout pour lui-même et ses proches. Le dessin et la peinture étaient pour lui un moyen d'expression aussi primordial que l'écriture. Hugo se plonge activement dans cette pratique, et chaque voyage ou déplacement est propice à croquis, paysages Ses carnets de route contiennent presque autant de textes que de dessins, ses chantiers littéraires regorgent en quelque sorte de "notes dessinées". [...]
[...] Les romans de Victor Hugo apparaissent très détaillés, regorgeant de termes techniques, parfois scientifiques, d'analyses politiques. Ils reflètent une attention certaine au détail et à l'exactitude, et une observation poussée des caractères humains. On pourrait ainsi les rapprocher des romans réalistes ou naturalistes, mais Hugo ne fait que les effleurer. Hugo se trouve en marge du réalisme, il s'agit ici plus d'un roman idéaliste, qui ne se fonde pas sur une théorie explicite. Les grandes lignes du roman hugolien seraient plutôt l'affirmation d'un regard subjectif, l'analyse psychologique alliée à un certain caractère métaphysique. [...]
[...] Royaume du mal, la nuit est aussi, chez Hugo, la figure de l'infini, l'étendue extensible où se déploie la fantasmagorie du clair-obscur, le support de l'inconnu. Dessins de l'infini Les dessins de Hugo semblent vouloir déborder du cadre imposé par le support. En effet, ses œuvres ne sont limitées que par les bords du papier, et suggèrent une extension invisible, une volonté de s'échapper des codes de la représentation. Le sentiment de l'infini qui hante le dessinateur comme le poète fait éclater l'espace pictural aménagé par l'art classique, qui ramène à l'échelle humaine, qui stabilise, harmonise. [...]
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