Statut d'initiés d'Euterpe, muse de la musique, oeuvre classique, Henri Bergson, Racine, Hermann Hesse, Pierre Choderlos de Laclos, Antiochus, Aden Arabie de Paul Nizan, Gabriel Marcel, Emmanuel Berle, La Fontaine, La Bruyère, Madame Bovary, Henry Peyre, présidente de Tourvel, Cécile de Volanges, chevalier Danceny, rôle des institutions
Dans Qu'est-ce que le classicisme, Henry Peyre dévoile une première définition du classique : "Le classique s'efface devant le sujet qu'il traite, il cherche à devenir banal. Son œuvre demeure d'abord inaperçue, car elle ne vise point à différer en tranchant sur la production contemporaine". Une œuvre classique semble alors avoir pour caractéristique de pouvoir se fondre dans l'époque contemporaine grâce à son "aspect impersonnel" et se présenter à ses lecteurs avec "un air de fatalité".
[...] Une œuvre classique est une œuvre qui sert d'exemple tant celle- ci est dite réussie dans son domaine. Les œuvres qui ont su faire preuve d'une véritable virtuosité dans l'exploitation de règles d'écriture sont aujourd'hui des modèles, ce qui permet de les ériger au rang de classique. Cette exemplarité dans la composition de l'œuvre renforce l'impression d'une œuvre immuable. Dans Les liaisons dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos exploite le style épistolaire afin de mettre le lecteur dans une position de voyeur. [...]
[...] Racine nous dépeint là ce qui fait de son œuvre l'absolu décrit a posteriori par le critique George Forestier. Le critique qui jugea posteriori donc) que Bérénice est présentée comme un absolu, l'absolu de la tragédie classique sous forme d'une élégie. “Absolu” qui fait de Bérénice une œuvre qui apparaît aujourd'hui fatalement comme un classique. Ainsi une œuvre classique est aussi une œuvre qui a su exploiter au mieux les règles d'écritures. L'œuvre peut alors être considérée, comme un idéal à atteindre. [...]
[...] L'œuvre apparaît alors rétrospectivement comme ne pouvant que devenir classique, tant elle incarne bien ces discours. De plus, la portée universelle de ses valeurs qui font échos à notre époque va être en partie la conséquence de l'impersonnalité de l'œuvre. Comme si celle-ci se détachait de son époque, de son auteur dont elle n'a plus besoin afin de pouvoir traverser les époques. Cette transposition temporelle n'est possible que parce que l'auteur évoque peu le contexte précis de son époque. En effet, comme l'écrit Montherlant « il ne faut pas qu'un écrivain parle trop de son époque sous peine de ne parler qu'à son époque », sous peine que ces œuvres ne soient pas rétrospectivement considérées comme classiques au cours du temps. [...]
[...] Il semble alors qu'une œuvre classique ait besoin de la reconnaissance d'institutions que sont la pensée critique, l'école ou les maisons d'édition. En effet, certaines maisons d'édition prestigieuses, telles que la collection de la Pléiade, ont le pouvoir de sacraliser au rang de classique une œuvre littéraire. De plus la réédition d'une œuvre peut servir à modifier le point de vue sur celle-ci afin de lui donner l'opportunité de devenir un classique. C'est en quelque sorte ce qui est arrivé à Aden Arabie de Paul Nizan. [...]
[...] Si les institutions autour de la diffusion de l'objet littéraire possèdent un rôle central dans la définition d'un classique, il semble notamment que ce soit l'éducation qui possède le rôle le plus important quant à ce qui deviendra ou non classique. L'éducation possède en effet la possibilité de changer les normes et la définition qui font d'une œuvre un classique, une œuvre que l'on doit étudier. C'est au travers de l'éducation qu'une œuvre peut être sacralisée comme exemple canonique au milieu des autres. Les textes littéraires aujourd'hui enseignés dans le milieu scolaire semblent avoir été établis de manière arbitraire. [...]
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