OEdipe, parricide et incestueux, forme de grandeur, destin tragique, Sophocle, film de Pasolini, inconscient collectif, hybris d'Oedipe, tyrannie, roi de Thèbes, fatalité, tragédie, usurpation, pythie, grandeur superficielle
La tragédie est le seul moyen par lequel l'homme peut transcender sa condition et déployer sa grandeur. Pour être grand, il faut être tragique ; autrement, l'homme languit dans la trivialité des basses affaires humaines. La tragédie correspond à un grand malheur, dont on sait qu'il adviendra et qu'on ne peut empêcher d'advenir. Le destin tragique d'Œdipe a toujours exercé un important pouvoir de fascination sur l'inconscient collectif. Pourtant, dans la pièce de Sophocle et le film de Pasolini, Oedipe semble être perçu comme un monstre. On peut donc se demander comment ce personnage, parricide et incestueux, pourrait prétendre à une quelconque forme de grandeur ?
[...] Tout d'abord, Œdipe apparait comme un tyran aux aspirations démesurées. Après avoir éliminé la sphinge, il accède au trône de Thèbes et se complait à mettre en scène son pouvoir royal. Au début de la tragédie, le roi de Thèbes est quasiment assimilé à un dieu. La formule utilisée par le prêtre : "nous voici blottis près de tes autels" participe à diviniser Œdipe et à lui délimiter un espace de culte. Il est considéré comme le résolveur d'énigmes, le sauveur de la ville, un homme au-dessus des hommes. [...]
[...] En incorporant tous les malheurs de Thèbes, Œdipe fait preuve d'une grandeur transcendante. Enfin, la grandeur d'Œdipe réside en ce qu'il assume audacieusement son destin. En effet, Œdipe aurait très bien pu, une fois ses crimes révélés, rester roi. Mais le personnage n'en aurait été que plus vulgaire et misérable. Dans la tragédie, il n'y a pas de demi-mesure : c'est tout ou rien. Œdipe court donc vers son destin avec détermination. Il ne faillit pas : il est le criminel et le justicier. [...]
[...] Au regard des révélations des oracles, de Jocaste, du vieux pâtre et du messager, l'étranger corinthien finit par se reconnaître comme étant l'assassin de son père et l'époux de sa mère. Alors, Œdipe devient une victime émissaire sublime. La confrontation à la vérité tragique lui permet de déployer sa réelle grandeur. Après avoir été reconnues comme le "pire des hommes", les menaces qu'il avait proférées se retournent contre lui : il se condamne donc à l'exil et à la mendicité. Sa chute sociale n'a d'égale que sa grandeur passée. [...]
[...] Le déni est un autre moyen pour lui d'échapper à cette réalité, moralement intolérable. Là aussi, Œdipe fait preuve d'hybris en refusant d'écouter la parole d'un oracle, en refusant d'admettre les faiblesses qui font de lui un homme. Ainsi, une grandeur superficielle et condamnée émane de l'hybris d'Œdipe. Mais est-ce là sa vraie noblesse ? II. Le rôle de purificateur endossé par Œdipe Voyons dans cette seconde partie en quoi le rôle de purificateur endossé par Œdipe lui permet d'affirmer sa grandeur tragique. Tout d'abord, Œdipe apparaît comme un justicier zélé. [...]
[...] Il devance donc la punition des dieux, qui n'ont pas encore informé les Thébains de la "conduite à tenir". Par ce geste, il décide lui-même de son destin et échappe ainsi à la fatalité. Tirésias avait prédit que « ce jour [lui] apportera naissance et perte » : Œdipe meurt socialement, pour renaître comme un homme libre et clairvoyant. Pasolini s'identifie à cette figure d'Œdipe exilé et mendiant, dans la dernière partie du film. L'aveugle, abandonné et ignoré de tous, joue de la flûte (symbole du savoir et de l'art) devant une usine puis une église. [...]
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