Le but du travail présenté ici est de revenir, autant que faire se peut dans le temps imparti, à l'intitulé de ce séminaire, "Du mythe au texte"; c'est pourquoi nous allons nous éloigner quelque peu de nos trois textes de référence, déjà largement exploités, pour revenir à la source du mythe d'Œdipe en essayant de l'envisager sous un angle légèrement différent, celui des liens (possibles ou aléatoires) entre la mythologie grecque et l'Ancien Testament.
Dans Aspects du mythe, Mircea Eliade rappelle que "Le mythe raconte une histoire sacrée; il relate un évènement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des commencements". Et c'est bien là ce qui pose problème dès lors qu'on tente d'analyser d'un point de vue référentiel un mythe non pas littéraire (c'est-à-dire dérivé d'un texte source adapté et modifié au fil des temps) mais littérarisé (c'est-à-dire dont le premier exemplaire connu est issu d'une tradition orale dont l'origine s'est perdue). Les références bibliques "traçables" sont légions dans la littérature occidentale depuis le bas Moyen-âge, pour d'évidentes raisons de culture et de domination religieuses séculaires, mais il est intéressant de remonter plus loin encore, et l'Œdipe se prête tout à fait à ce type de réflexion. Gardons toutefois à l'esprit qu'il ne s'agit pas ici de prouver qu'Œdipe ou les autres grands mythes antiques sont issus de l'Ancien Testament, mais de soulever de troublantes similitudes entre les grands récits fondateurs quels qu'ils soient.
Pour ce faire, nous procèderons en trois étapes: dans un premier temps nous effectuerons quelques rappels historiques accréditant de possibles liens non accidentels entre la mythologie grecque et le vivier biblique; nous nous pencherons ensuite sur quelques exemples concrets basés sur le schéma traditionnel du récit fondateur, enfance-faits marquants-chute; nous reviendrons enfin sur un terrain plus littéraire en évoquant le traitement post-christique de ce mythe, notamment à travers nos trois auteurs de référence, Corneille, Voltaire et Cocteau.
[...] Or s'il est problématique de relier Grecs et Juifs Antiques, les liens entre les Juifs et l'Egypte ne sont plus à démontrer. La première mention recensée d'Israël remonte aux environs de -1210, il s'agit de la "Stèle de Mérenptah", aussi appelée "stèle de la Victoire" ou "stèle d'Israël" et découverte en 1896 aux environs, justement, de Thèbes. Partant, les Juifs Hellénistes sous Alexandre puis les tout premiers Chrétiens, encore imprégnés de trois mille ans de Judaïsme, n'auront qu'un pas à franchir pour mettre dans la bouche de la Pythie les paroles des Prophètes, affirmer qu'Aristote aurait basé toute sa réflexion sur les écrits de Salomon rapportés de Jérusalem ou, comme Clément d'Alexandrie (IIème siècle), pour revendiquer la paternité Juive de toute la philosophie et mythologie Grecque, supposément dérobées aux penseurs rabbiniques. [...]
[...] L'anthropologie et la psycho histoire contournent ce problème, arguant qu'il n'y a ni "poule" ni "œuf, et que malgré les similitudes indéniables le lien est accidentel. Freud, n'est pas seulement l'initiateur de la psychanalyse, il est aussi le premier à appliquer les théories psychanalytiques à l'histoire du monde, champs de recherche aujourd'hui nommé la psycho histoire. Dans Moïse et le monothéisme, Freud étudie le mécanisme de réflexion et de création des récits fondateurs, basés de son point de vue sur des archétypes et des fonctionnements inconscients propres non pas à un peuple, mais à tout le genre humain, qu'il s'agisse de la Grèce antique ou de l'Egypte Biblique. [...]
[...] L'Œdipe Biblique ou la genèse problématique du mythe Le but du travail présenté ici est de revenir, autant que faire se peut dans le temps imparti, à l'intitulé de ce séminaire, "Du mythe au texte"; c'est pourquoi nous allons nous éloigner quelque peu de nos trois textes de référence, déjà largement exploités, pour revenir à la source du mythe d'Œdipe en essayant de l'envisager sous un angle légèrement différent, celui des liens (possibles ou aléatoires) entre la mythologie grecque et l'Ancien Testament. [...]
[...] De même, la double parenté (si l'on peut s'exprimer ainsi) d'Œdipe est marquée par la stérilité finalement conjurée du couple: Jocaste et Laïos engendrent un fils qui n'aurait pas du voir le jour, et le sacrifient cette fois immédiatement. Polybe et Mérope, stériles jusqu'à l'arrivée d'Œdipe, le recueillent comme un cadeau des dieux. L'abandon d'Œdipe également peut renvoyer à la figure majeure qu'est Moïse. Celui-ci en effet (pour d'autres raisons) est abandonné par sa mère et confié au fleuve, qui l'amène suivant la légende droit dans les bras de la propre fille de Pharaon, qui l'élèvera aux coté de ses propres fils. [...]
[...] Mais comme pour Corneille, le sujet même de la pièce lui interdit d'aller plus avant dans la critique, les oracles ne mentant jamais. Dieu ou les dieux, non contents d'exister, se manifestent dans Œdipe réellement à travers les oracles et manipulent le destin du héros tragique Cocteau Paradoxalement, c'est dans le siècle le moins religieux que l'on trouvera l'Œdipe célèbre le plus chrétien des trois. En effet d'un simple point de vue référentiel La Machine Infernale, qui intervient rappelons-le après la rencontre entre Cocteau et Maritain et le retour à la foi de Cocteau, est l'Œdipe offrant le plus d'analogies évangéliques. [...]
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