La Nuit juste avant les forêts, Bernard-Marie Koltès, Lorenzo Malaguerra, Olivier Yglesias, pièce, personnage, discours prononcé, Festival d'Avignon, monologue, soliloque, états d'âme, mise en scène
La Nuit juste avant les forêts est une pièce écrite par Bernard-Marie Koltès et montée par lui-même à l'off du Festival d'Avignon en 1977. En 2012, c'est le metteur en scène suisse Lorenzo Malaguerra qui s'attaque à cette œuvre, et c'est à Olivier Yglesias que revient la lourde tâche d'assurer ce long monologue. En effet, La Nuit juste avant les forêts est un soliloque, c'est-à-dire un discours prononcé par quelqu'un qui se parle à lui-même. Durant une heure, cet homme va raconter à un inconnu ses états d'âme, sa vie d'étranger, sa quête d'amour, de rencontres et de paroles dans un monde qui semble ne pas l'accepter.
[...] Alors avons-nous affaire à un personnage physique réel ? Oui, car, le comédien incarne bien un individu, mais celui-ci pourrait plutôt être qualifié de parole. En effet, au début de la pièce, nous ne savons pas qui est le personnage qui parle face à nous. Mais au fur et à mesure, la parole lui dessine un corps, des émotions, des intentions. Nous apprenons alors qu'il est étranger (« voilà qui je suis, étranger moi- même »), qu'il habite à l'hôtel, qu'il voudrait fonder un syndicat international de défense pour les plus faibles, ceux qui ne sont pas intégrés à la société. [...]
[...] Nous avons évoqué précédemment le fait que le personnage se parlait à lui-même, à travers une sorte de discours intérieur. Mais par définition, un soliloque peut aussi être un discours de quelqu'un qui, en compagnie, est seul à parler. Nous pourrions appuyer cette hypothèse en disant que le personnage interpelle quelqu'un (« Camarade ») et qu'il le tutoie tout au long de la pièce. Or, cela paraît assez improbable qu'un interlocuteur écoute quelqu'un parler pendant une heure sans jamais répondre. Nous admettrons donc que le personnage est bel et bien seul. [...]
[...] Pour conclure, la singularité de La Nuit juste avant les forêts repose surtout sur sa forme originale, mais aussi sur les thèmes et les messages abordés. Alors que le texte est condensé, assez brutal dans la forme et le fond, la mise en scène vise à laisser libre cours à l'imagination du spectateur afin qu'il interprète à sa façon les paroles qu'il entend. Étant au départ La Nuit juste avant les forêts du Nicaragua, certains interprètent le titre comme un paradoxe mêlant l'espace et le temps, mais c'est parce que le titre était trop long qu'il a simplement était raccourci. [...]
[...] Mais ce qu'il veut vraiment, c'est la rencontre et l'expérience de la parole. Nous apprenons aussi sur le caractère du personnage. En effet, celui-ci se revendique de l'héritage de son père qu'on appelait « l'exécuteur ». Il veut rendre une image de force, d'assurance, de virilité. Mais nous pouvons aussi remarquer que le personnage est parfois vulnérable face à certaines situations. Par exemple lorsqu'il tombe amoureux d'une femme qu'il ne reverra jamais. De plus, il est animé d'un désir de communiquer, d'aller vers les autres. [...]
[...] Ce choix est sûrement lié au fait que dans la pièce écrite par Bernard-Marie Koltès, aucune indication spatio-temporelle n'est mentionnée. Koltès ne date pas l'action et aucune didascalie ne nous indique à aucun moment de la pièce où nous nous trouvons. C'est donc dans cette continuité que s'inscrit le décor de la pièce. Nous ne sommes en fait pas dans un lieu défini et imposé au public. Ainsi, chacun peut imaginer le lieu dans lequel il pense se trouver, peut-être un bar, peut-être dans la rue. [...]
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