Lorsque je suis sorti de la Sorbonne où j'enseignais ma science depuis de longues années, je fis quelques pas et m'écroulai sur le macadam parisien. Les passants et les étudiants se mirent alors à me relever spontanément et je leur dis dans une faiblesse morale agonisante : « Ce n'est rien, c'est juste un petit vertige ». Certains même, devant le spectacle de la chute, furent pris de panique en appelant immédiatement les secours. Mais je me relevai avec une telle vi-gueur que je compris une nouvelle fois que ma vaillance et ma force faisait partie intégrante du moteur de ma vie solitaire.
[...] Au petit matin, les clients sortaient dans une tenue quasi clownesque et leur visage semblait avoir pris trente ans. Nina, quant à elle, avait droit au confort d'une loge meublée, d'une douche luxueuse, de relaxants et d'un lit parfaitement soigné. En effet le patron qui la respectait pour sa gentillesse, prenait soin d'elle d'une façon paternelle. En fait, il en était éperdument amoureux. Légère et quelque peu libertine, Nina succombait souvent à ses avances car elle aimait sa nature joviale et sa tendresse enfantine qui lui était propre. [...]
[...] Il se caractérisait en effet par sa bonhomie et son naturel que les jeunes ambitieux ne peuvent saisir car Paris reste, on le sait, le centre de l'arrivisme. Il passa donc allégrement tous les obstacles si bien que les intellectuels égocentriques commencèrent à l'apprécier. Mais ils ne pouvaient se comprendre parce que Dieu les avait séparés. Tel un homme détaché, la science restait pour 27 lui un simple jeu de réflexion. Il prenait plaisir à travailler parce que la finalité de ses études n'était autre qu'une sorte de formation intellectuelle. [...]
[...] Sans s'en rendre compte, elle s'attacha à lui et le prit sous son aile car elle avait en elle l'instinct maternel. Jour après jour, un véritable amour les unit. Ils cédèrent à l'extrême douceur du baiser et elle se donna à lui en s'évanouissant de volupté charnelle. Mais, leurs rencontres étant de plus en plus fréquentes, une de ses amies les plus proches les prit sur le fait et raconta ce qu'elle avait vu à son mari. Jacques fut profondément blessé par cette délation. [...]
[...] Ils jetèrent alors son corps dans le fleuve et disparurent. Enrico Chrizy était en effet l'homme à abattre depuis de longues années puisque sa réputation avait fait le tour de toute une région où rien n'aurait pu effacer ses actes de bravoure, d'audace et d'extrême désinvolture qui avaient pris le pas sur la peur. Deux semaines passèrent pendant lesquelles Salvatore, innocent du sort de son fils, continuait à exercer ses fonctions de diplomate et de père Il savait depuis bien longtemps qu'Enrico oubliait dans ses extravagances le danger qu'il encourait à chaque fois qu'il sortait vers les collines siciliennes, en dépit de toute les préventions qu'il n'avait cessé de lui donner. [...]
[...] En effet, quand elle se plaignait ou quand elle haussait le ton, je ne pouvais m'empêcher de rire. Après elle se calmait et se jetait dans mes bras. N'est-ce pas cela le trait caractéristique de toutes filles légères ? Nous étions un peu le même genre de personnage car nous avions tous deux ce goût nonchalant du bonheur anticonformiste. Il n'y avait pas d'interdit, il n'y avait pas de loi, il n'y avait pas de norme. Le rêve à l'état pur. [...]
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