Au XVIIème siècle les limites entre les genres sont floues, ainsi il est difficile de percevoir les frontières entre romans et nouvelles. Les nouvelles éclosent sous différentes formes et floutent toujours plus la définition des genres. On distingue surtout les romans longs et les romans courts ou nouvelles. La nouvelle inspirée de la "novela" espagnole, n'est plus, comme dans l'Heptameron de Marguerite de Navarre, une anecdote plaisante, parfois grivoise, mais un "court roman" sur un sujet sérieux. C'est Charles Sorel qui, en 1623, lança le genre avec ses Nouvelles françaises ; Scarron reprit le flambeau avec ses Nouvelles tragi-comiques (1655-57), puis Segrais, avec ses Nouvelles françaises (1657). Madame de La Fayette à son tour écrit La Princesse de Montpensier (1662), puis La Comtesse de Tende (1663), qui ne sera publiée qu'en 1718 dans le Mercure galant. Gélonide dans Les Nouvelles françaises de Segrais oppose le roman à la nouvelle en signifiant que cette dernière doit s'attacher à la vérité et à l'Histoire. Selon elle, le roman exprime la vraisemblance et non pas la vérité, n'est pas ancré dans la réalité mais relève de l'imagination des auteurs et enfin le roman se détache plutôt de l'Histoire pour emprunter des contextes purement fictifs. En nous attachant principalement aux nouvelles (...)
[...] Dans La Princesse de Montpensier beaucoup d'éléments témoignent d'une rivalité grandissante : Le duc d'Anjou, qui était fort galant et fort bien fait, ne put voir une fortune si digne de lui sans la souhaiter ardemment. Il fut touché du même mal que M. de Guise ; et, feignant toujours des affaires extraordinaires, il demeura deux jours à Champigni, sans être obligé d'y demeurer que par les charmes de madame de Montpensier Le duc de Guise acheva d'en devenir violemment amoureux ; et, voulant, par plusieurs raisons, tenir sa passion cachée Le duc d'Anjou en demeura accablé comme d'un coup de tonnerre. [...]
[...] L'auteur prend des exemples grandioses afin de provoquer un choc chez le lecteur. Givry délaisse les armes et ne s'implique plus tellement dans la politique pour ne pas être éloigné de sa bien-aimée. La fin de L'Histoire de Givry est significative, il est considéré comme trop aimable et trop inconstant De plus, la narratrice nous indique que Givry a tout gâché en se laissant emporter par une passion : Givry était le plus accompli de tous les hommes de son siècle; il se trouvait à vingt six ans comblé d'honneur, favorisé de bonnes grâces de son roi et en passe d'obtenir toutes les dignités où un gentilhomme peut monter L'Histoire est donc au service de la morale mais nous verrons également qu'elle est faite pour plaire et pour établir l'éloge des rois. [...]
[...] Cela dit, les auteurs écrivent ces nouvelles pour que justement le lectorat tire les leçons de ces événements et ne les reproduise pas. L'Histoire de Givry est parsemé de maximes qui permettent de tirer une leçon morale de l'Histoire : Amour, cruel amour, enchantement des âmes,/ Hélas ! Ne verrons-nous jamais/ Le funeste effet de tes flammes: Respecter dans nos cœurs la sagesse et la paix ? Ou La sensible délicatesse/ Suit toujours pas à pas la sincère tendresse : / Il faut, pour aimer ardemment, / Ressentir délicatement/ Tout ce qui part de ce qu'on aime,/ Mais on tombe souvent sur cela dans l'erreur, / Et telle croit aller jusqu'au degré suprême/ Des délicatesses du cœur, / Qui, si l'on se jugeait sévèrement soi-même,/ Trouverait que ce sont des caprices d'humeur Etant donné que l'histoire entre Givry et Mademoiselle de Guise est authentique, ces maximes dénoncent des comportements passionnels et informent le lecteur de la dangerosité de tels emportements dans le monde de la Cour de France. [...]
[...] Nous verrons par la suite que les conflits qui naissent de ces histoires d'amour passionnelles connaissent tous un dénouement funeste qui sanctionne l'emportement des passions. En effet, ces nouvelles finissent tragiquement et permettent d'intégrer un côté moralisateur au récit. De plus, ceux qui ont perpétrer de mauvaises actions, guidées par des passions sont punit. Givry se punit lui-même de son comportement et d'avoir cru en un amour qui n'existait pas. Pour cet amour il a délaissé le milieu politique et a dénigré son caractère. [...]
[...] Les nouvelles historiques et galantes ont un but commun, mettre en lumière les passions qui animent les personnages et les dénoncer. Les auteurs tissent une toile autour de personnages et d'évènements réels. Pour la plupart, ils n'ont pas connu les personnages qu'ils évoquent et bien qu'ils se soient documentés, la vérité est forcément galvaudée et ne peut pas être entièrement restituée. La toile de fond de ces nouvelles est sans conteste l'amour qui entraîne ensuite des rivalités et qui conduit vers un dénouement toujours tragique. [...]
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