Mini mémoire sur la pièce de Caryl Churchill Not Not Not Not Not enough oxygen et plus précisément sur le thème de la répétition qui structure la pièce dans sa totalité et contamine à la fois les processus d'écriture et de lecture.
[...] De plus une figure d'antimétabole représente là encore cette forme de schizophrénie évoquée plus haut : "Mick stop stop Mick" (l.464). Cette construction montre à nouveau l'incapacité du sujet à définir un sens stable comme si ce que l'on voulait signifier avait été oublié au moment de le faire ; chaque mot peut avoir une fonction autre que celle qu'il pourrait souhaiter lui assigner, "Mick" pouvant par exemple être sujet ou complément d'objet direct, une pluralité d'interprétations qui n'est que renforcée par l'absence de ponctuation faible tout au long de la pièce. [...]
[...] La raison de l'entropie qui en résulte est ainsi à chercher dans l'incapacité d'une humanité stérile à faire de la répétition un mode de production non aliénant ou tout simplement à la reconnaître comme tel, l'anagnorisis des deux personnages principaux étant sans cesse différée. Vivian et Mick sont deux Sisyphe volontaires incapables de se libérer de chaînes qu'ils se sont imposées, incapables de faire de la répétition le fondement même de la liberté.[17] Cf Freud cf Platon, La République Wittgenstein, Tra, p.93 pour une définition plus précise de ces termes, voir Julia Kristeva p.84 Ibid., p.64-65 La citation est ici coupée car l'absence de ponctuation la rend longue mais on voit bien que le simple choix d'opérer une coupure représente déjà une forme de lecture donc de délimitation et d'interprétation. [...]
[...] Cette interprétation est notamment permise par la répétition de la lettre o dans le titre et tout au long de l'œuvre mais aussi par le fait que les mots contenant cette voyelle redoublée y sont très fréquents "look" . Cet élément qui fait cruellement défaut dans le monde dans lequel évoluent les deux personnages est contenu au cœur même du texte et donc de leurs mots. Pourtant le fait que l'oxygène provienne d'un apport extérieur qui n'est qu'une forme d'ersatz montre que les personnages sont incapables de faire ce repérage et ce d'abord parce qu'ils vivent dans un monde placé sous le règne de l'artificialité. [...]
[...] Le répète immédiatement, c'est-à-dire reproduise l'auto-affection pure sans le secours d'aucune extériorité.[10] Cette réflexion montre le pouvoir qu'exerce celui qui parle sur celui qui écoute notamment le pouvoir sur le signifiant qu'il possède et la rapprochement qui est alors permis avec le signifié. Malgré tout si l'on considère la pièce non seulement sous cet aspect mais aussi comme texte écrit on peut avancer le fait qu'il y aura autant de pièces différentes que de réceptions ; en effet le sens donné au texte n'est pas seul à différer car le mode de lecture choisi est déjà une première forme d'interprétation. [...]
[...] La déconstruction du langage qui est faite notamment dans le discours de Vivian n'est donc pas une destruction puisqu'elle contient en soi la possibilité de sa régénération. On pourrait avancer ici l'idée que le puzzle, évoqué plus haut, est aussi une représentation interne de ce mode de fonctionnement. Les lignes 351-352 ont un fonctionnement qui peut s'y apparenter : "Were they sent sent to prison were they sentenced to prison question dans laquelle "sentenced" paraît comme issu de la répétition du verbe "sent". [...]
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