Negro Anthology, Nancy Cunard, cause noire, années 1930, œuvre encyclopédique, 150 collaborateurs africains, culture populaire, histoire de l'art
Issue d'une famille d'aristocrates, Cunard s'en détache cependant par ses convictions politiques et son mariage avec le pianiste noir américain Henry Crowder. C'est à lui qu'elle dédie Negro Anthology, ce qui témoigne du rôle majeur qu'il joue dans l'entreprise et la réalisation de cette œuvre. Mais c'est l'Affaire des Scottsboro Boys, en 1931, qui la décide à se lancer dans ce projet. Neuf garçons afro-américains, âgés de douze à vingt ans, sont accusés d'avoir violé deux femmes blanches dans un train de marchandises. Quinze jours après les faits, huit sont condamnés à mort après avoir été jugés de manière tout à fait expéditive. La même année, Cunard adresse une circulaire aux auteurs qui pourraient participer à un ouvrage qu'elle dit « entièrement documentaire » sur l'histoire des Noirs d'Amérique du Nord et du Sud, d'Europe et d'Afrique. Après seulement trois ans de travail, le 15 février 1934, Nancy Cunard sort à Londres Negro Anthology. C'est une œuvre encyclopédique qui rassemble plus de 150 collaborateurs africains, antillais, afro-américains et afro-européens, souvent issus des milieux journalistique, universitaire et militant. Elle réunit à la fois des textes inédits et des articles, des poèmes ou des extraits déjà publiés. Elle mêle culture populaire, sociologie, politique, et histoire de l'art ; elle rassemble des articles, des archives, des photographies, des dessins, des portraits, des extraits de presse, des partitions musicales, des témoignages et des statistiques.
[...] L'ordre social, international, colonial repose sur cette croyance que tout pouvoir est de droit divin Il ajoute que chaque gouvernement se croit seul élu par les Dieux, seul conduit vers la Vérité, seul appelé à dominer la terre pour la plus grande gloire du ciel. L'écrivain explique la persistance du sentiment de supériorité comme un reste des croyances religieuses que les hommes avaient avant de comprendre que la terre était ronde et l'univers infini. Chaque peuple croyait alors être une espèce privilégiée, unique au monde, placée sous l'œil attentionné des Dieux. [...]
[...] Toutefois, on peut dire que Feuilloley nous montre que les Noirs sont eux-mêmes inscrits dans une société d'où la hiérarchie n'est pas absente (il est notamment question d'un chef et de ses assistants et qu'ils ont leur propre culture avec leurs croyances et leurs règles. Contrairement à l'opinion publique blanche, les Noirs primitifs ne sont pas des sauvages. L'opposition entre le primitif et le civilisé n'a donc pas lieu d'être. L'espoir placé dans l'art une alliance fructueuse Lavachery souligne le fait que les Blancs, en cherchant à civiliser les Noirs, ont eu tendance à altérer leur culture. Il termine cependant sur une note positive, comme un espoir : Mais les dons profonds de la race noire subsistent dans les vivants d'aujourd'hui. [...]
[...] Subitement, une escouade de miliciens le cernait. Des coups de feu étaient tirés dans les cases, que, par ailleurs, on incendiait si les noirs n'en sortaient pas assez vite On voit donc que tout comme l'esclavage, la colonisation correspond à la domination des Noirs au service de l'intérêt des Blancs. Critiquer l'hypocrisie de l'esprit civilisateur Pierre-Quint met en lumière la ressemblance entre les navires chargés d'esclaves noirs envoyés vers l'Amérique et les cargos où s'entassent des Noirs destinés à servir de machine. [...]
[...] Tout espoir n'est cependant pas perdu. Sadoul cite les paroles du chant que les prolétaires noirs et blancs clament ensemble : Black and white we stay united/All the workers are united / Come ! C'est à la fois une manifestation de l'égalité qui règne au sein du prolétariat et un appel au rassemblement. C'est ainsi que l'écrivain en vient à citer un journal d'enfants soviétique : les enfants de toutes couleurs luttent côte à côte contre le capitalisme C'est donc dans la lutte prolétaire et communiste contre le capitalisme que les Noirs peuvent espérer l'aboutissement de leur révolte. [...]
[...] L'abolition de l'esclavage n'a pas changé la situation des Noirs. Ce qui a changé, c'est le discours des gouvernements : Dans sa grande majorité, l'opinion se figure que la cruauté humaine, l'exploitation de l'homme par l'homme, la guerre sont dans l'ordre de la nature, et notamment, que les blancs doivent envahir les autres parties du monde et faire travailler pour eux les populations indigènes. Dès lors, la propagande officielle apparaît comme une invention bienfaisante, destinée à adoucir chez le petit bourgeois la vue d'une réalité fatale et trop brutale, qui ferait saigner son cœur Les gouvernements propagent l'idée d'une colonisation bienfaitrice et humaniste en brandissant la notion de civilisation. [...]
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