Dissertation de Littérature sur la nature de l'illusion au théâtre ayant pour sujet :
[...] Les personnages du dialogue de Stendhal Racine et Shakespeare débattent sur ces questions : Le ROMANTIQUE : Il est impossible que vous ne conveniez pas que l'illusion que l'on va chercher au théâtre est une illusion imparfaite ( Il est impossible que vous ne conveniez pas que les spectateurs savent qu'ils sont au théâtre et qu'ils assistent à la représentation d'une œuvre d'art, et non pas à un fait vrai. L'ACADEMICIEN : Qui songe à nier cela ? Le ROMANTIQUE : Vous m'accordez donc l'illusion imparfaite ? Prenez garde à vous. Ainsi, dans ce passage, ces deux personnages qui ne cessent de s'opposer tout au long de ce dialogue semblent s'accorder : l'illusion totale est elle-même une illusion. Le spectateur, assis sur son fauteuil, plongé dans la représentation, reste lucide : il sait qu'il assiste à une pièce de théâtre. [...]
[...] Sur la scène, ce qui permet l'illusion est le passage du personnage, (assumé par le comédien), d'un monde possible à un monde concret (ce qui ne veut pas dire réel). Ainsi, le comédien apparaît à la fois comme un des supports principaux de l'illusion et le signe constant de son imperfection puisque celui-ci ne sera jamais réellement que lui-même même s'il incarne imaginairement cet autre qu'est le personnage. Tous les objets de l'illusion que nous avons décrit manifestent l'imperfection inhérente à l'illusion théâtrale. Prenez garde à vous menace le Romantique, si vous continuez à être de bonne foi, nous allons être d'accord ! [...]
[...] En effet, Six personnages en quête d'auteur met en place une destruction de l'illusion théâtrale puisqu'elle confronte le spectateur au non-visible du théâtre : celui-ci est invité à rentrer dans une fabrique de théâtre rationnelle et démystifiante qui traite les questions de mise en scène en fonction du possible, et du réalisable. De nombreux aspects de cette pièce semblent tout d'abord se mettre au service de la destruction de l'illusion : la présence du souffleur notamment participe à cette démystification feinte du théâtre. Mais finalement, tous ces procédés se mettent au service de la fortification de l'illusion théâtrale. [...]
[...] Par conséquent, l'imperfection de l'illusion est la condition de la dénégation, base du plaisir théâtral. Ainsi, ce que nous allons chercher au théâtre est l'une des formes les plus archaïques de plaisir explicitée par Freud dans le jeu du fort-da. Alors que dans la psychanalyse ce jeu permet de maîtriser dans un rythme binaire, par une alternance présence/absence, l'angoisse de la séparation avec la mère, appliqué au théâtre il devient transformation du déplaisir en plaisir par le biais de la mise en scène. [...]
[...] Si nous pouvons étudier les différentes manières de créer de l'illusion et de la traiter dans les différentes esthétiques on ne peut réellement évaluer l'impact de ces tentatives. Le moment de l'illusion relève du mystère, de l'incompréhensible, de la magie du théâtre tout simplement. Ainsi, pour comprendre plus en profondeur les mécanismes mais surtout l'expérience de l'illusion théâtrale une seule solution semble acceptable : retourner au théâtre et profiter encore et toujours de ces moments inoubliable d'oubli. [...]
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