Les personnages jouent toujours un rôle primordial dans le roman puisqu'ils sont très souvent le moteur de l'intrigue. Pourtant, certains romanciers préfèrent la peinture de la société dans laquelle évoluent les personnages, à ces derniers ; et à l'inverse, d'autres écrivains font de leurs personnages des héros, en montrant les particularités de destinées individuelles. Ainsi, on peut s'interroger sur l'importance et le statu du personnage chez les écrivains naturalistes et se demander si la description du « milieu » a toujours la primauté sur l'histoire d'un personnage unique.
Nous tenterons donc de démontrer que la peinture du « milieu » est bien primordiale chez les écrivains naturalistes, mais que les personnages principaux, qui illustrent le projet démonstratif du romancier, sont aussi émouvants et singularisés.
[...] En effet, ceux-ci ne sont plus des héros aux destinées incroyables mais des types qui n'ont pas d'histoire extraordinaire, qui sont simplement des caractères qui réagissent Pour autant, on ne peut nier le fait que les personnages principaux sont aussi émouvants et caractérisés. Certes représentatifs de leur environnement, ils sont aussi et surtout des êtres. Les romanciers naturalistes ne pouvaient peindre uniquement des milieux car sans les personnages, les milieux n'ont aucun intérêt, et réciproquement. [...]
[...] Les romanciers naturalistes, et particulièrement Zola, accordent une grande importance à la peinture du milieu comme l'atteste cette phrase tirée des notes préparatoires de Zola : Je veux peindre une seule famille, en montrant le jeu de la race modifiée par les milieux ; mais ce terme vague nécessite d'être défini : en effet on peut distinguer trois milieux importants : historique, social et familial. La doctrine naturaliste veut que le roman soit ancré dans le réel ; c'est pourquoi le contexte historique est toujours précisé et analysé. Ainsi, Les Rougon-Macquart se déroulent sous le Second Empire et Zola, dans chacun de ses romans, évoque cette époque. Il a beau écrire dans ses plans préparatoires qu'il accepte un cadre historique uniquement pour avoir un milieu qui réagisse la peinture du Second Empire est néanmoins abondante et fouillée. [...]
[...] Le triomphe du commerce est incarné par la famille Rougon, et on peut citer l'ascension parisienne fulgurante d'Octave Mouret, qui triomphe à la tête d'un grand magasin au détriment des petits boutiquiers dans Au bonheur des dames. Il y a aussi le monde des bourgeois installés, comme M. Hennebeau, le directeur de la mine dans Germinal. Mais beaucoup d'autres personnages bourgeois traversent le cycle, parmi lesquels on peut distinguer les directeurs de théâtres, les architectes, les propriétaires terriens et les médecins. [...]
[...] Entends-tu, je t'aime, je t'aime, et il n'y a rien de plus, c'est assez, je t'aime ! on ne peut qu'être touché par sa générosité et son sacrifice. De même, dans Germinal, les mineurs qui meurent de faim et qui se révoltent contre leurs oppresseurs, nous touchent. Bien sûr, nous ne serons jamais à leur place et l'époque est tout autre, mais leur combat, leur lutte incessante est une image forte est émouvante. Et pourtant, il est vrai qu'un personnage comme Claude Lantier dans L'œuvre est beaucoup moins connu que Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal. [...]
[...] Au départ, Etienne Lantier devait être le héros de La Bête humaine, mais Zola dut attribuer cet emploi à son frère, Jacques, car l'ouvrier socialiste de Germinal ne pouvait plus être confondu avec un maniaque de l'assassinat. De plus, il y a interaction entre le personnage et son milieu social. Dans Le ventre de Paris par exemple, le charcutier Quenu a une lointaine ressemblance avec le groin de ces cochons, de cette viande, où ses mains s'enfonçaient et vivaient, la journée entière. [...]
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