L'objet de notre démarche réside dans l'approfondissement des rapports entre le système kierkegaardien et le mythe de don Juan, en démontrant à quel point la philosophie de Kierkegaard est axée sur la figure donjuanesque en général, et plus particulièrement sur « le » don Giovanni (le personnage). À ce propos, nous tisserons des liens entre les trois composantes de l'opéra de Mozart qui marquent son originalité par rapport à d'autres adaptations du mythe : sa conception de la figure du libertin, la musique et la parole à l'intérieur de l'opéra.
[...] Møller, était un fameux coureur de jupon, figure romantique inoubliable. Mais, de plus, il s'est inspiré fortement de la figure du libertin pour élaborer sa théorie, critique par rapport au christianisme ecclésiastique, de la «sensualité païenne». «Paganisme» ici s'entend au sens d'une réaction instinctive, «immédiate», aux sollicitations du milieu, la passion en l'occurrence. Evidemment, l'amour sensuel, vécu dans l'instant présent, ne peut être que temporaire; tôt ou tard l'esprit reprendra ses droits. Don Juan, vivant entièrement selon ce principe «païen», évince la visée de l'amour divin : aimer son prochain. [...]
[...] Cela va sans dire que don Juan situe son vécu amoureux dans l'amour sensuel. D'autre part et nous nous éloignons ainsi quelque peu du Don Giovanni pour retourner à la première théâtralisation de la figure littéraire, chez Gabriel Téllez toute l'histoire du séducteur donjuanesque primitif s'inscrit dans une conception très baroque de l'univers. Vers la fin du Moyen Âge, l'on considérait que Dieu avait abandonné l'univers, en proie à une instabilité qui laissait l'homme démuni dans ses rapports au monde. [...]
[...] Aussi notable est le nombre de chansons qu'il aurait composées en leur honneur : mille cinq ! On n'aura décidément jamais épuisé les considérations sur ce chiffre célébrissime de mille tre Ce qui implique nos catégories chrétiennes de faute et de péché. Cette conception est diamétralement opposée à celle de la sagesse grecque, qui dissocie la chair de l'esprit. On pourrait synthétiser cette dissonance chrétienne en deux maximes : condamnation de la vie selon la chair (chair repliée sur elle-même) et acceptation de la vie dans la chair (dans un corps assumé comme tel en articulation avec l'esprit). [...]
[...] Le mythe de don Juan : Kierkegaard et don Juan L'objet de notre démarche réside dans l'approfondissement des rapports entre le système kierkegaardien et le mythe de don Juan, en démontrant à quel point la philosophie de Kierkegaard est axée sur la figure donjuanesque en général, et plus particulièrement sur le don Giovanni (le personnage). À ce propos, nous tisserons des liens entre les trois composantes de l'opéra de Mozart qui marquent son originalité par rapport à d'autres adaptations du mythe : sa conception de la figure du libertin, la musique et la parole à l'intérieur de l'opéra La philosophie kierkegaardienne et ses motivations littéraire et biographique L'être humain, tourmenté par la hantise de la mort, part en quête d'un absolu en vue d'accomplir son existence. [...]
[...] Bref, Kierkegaard se limite à une interprétation de la musique comme pleine affirmation de l'instant esthétique : la musique séduit et resserre le filet que don Juan déploie autour de ses victimes ; par la parole a contrario les proies tentent d'échapper à la musique obsédante des sens que fait naître don Juan en elles. Or, la musique, traduisant un vécu temporel, peut transporter (de l'esthétique) à l'éthique (plénitude du temps). Bibliographie o Don Juan, Mythe littéraire et musical, textes réunis et présentés par J. Massin, Bruxelles, éditions Complexe pp. 207-271. o Dictionnaire de don Juan, sous la dir. [...]
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