D'après Gaston Bachelard, « tout mythe est un drame humain condensé. Et c'est pourquoi il peut si facilement servir de symbole pour une situation dramatique actuelle ». De nombreuses ?uvres, notamment les tragédies antiques qui donnent lieu à des mythes, sont réécrites au fils des siècles. Cependant, nous pouvons nous demander quels sont les intérêts de la réécriture d'un mythe antique ? (...)
[...] Cependant, nous pouvons nous demander quels sont les intérêts de la réécriture d'un mythe antique ? Un des intérêts de la réécriture peut-être le moyen de garder un récit, un thème, intéressant aux yeux de l'auteur, tout en le faisant évoluer par différents modes d'écriture. Ceci peut notamment s'opérer par un mélange de registres. Ainsi, dans La Machine Infernale, tragédie du XXème siècle, Jean Cocteau présente dans l'Acte Tirésias et Jocaste qui entrent en scène avec un dialogue comique lié au fait que Jocaste est infantile, capricieuse, superficielle, supérieure et de mauvaise fois : elle est caricaturée comme un star contemporaine : Taisez-vous Zizi ! [...]
[...] Car dans Œdipe Roi, Œdipe est actif alors que dans La Machine Infernale, Œdipe est passif Cela montre bien que des changements sur les personnages du mythe créé un tout autre récit. Et c'est notamment ce que cherche l'auteur en réécrivant un mythe : recréer l'histoire selon ses conceptions. Pour finir, un autre intérêt pour lequel un auteur réécrit un mythe serait afin de l'actualiser, de façon à ce qu'il plaise au public du moment. Lorsqu'un auteur réécrit un mythe, il ne se trouve pas dans le même cadre politique, économique, que l'auteur du récit d'origine. Les changements de contextes sont synonymes de changements d'époque. A chaque époque ses évènement. [...]
[...] De plus, un auteur peu vouloir réécrire un mythe antique afin d'y ajouter sa touche personnelle, donner son avis. Pour cela, l'auteur effectue quelques modifications sur l'histoire, tel que certains personnage, ou encore le caractère et l'attitude du personnage principal pour donner un nouveau visage au récit. De même, dans Œdipe roi, Sophocle représente Œdipe comme un roi aimé de ses sujets, qui cherche à résoudre le problème de la peste. Il est orgueilleux et fait preuve d'hybris. Alors que dans La Machine Infernale, Cocteau montre Œdipe en tant que jeune roi. [...]
[...] Comme nous pouvons le constater avec le mythe d'Antigone. Anouilh écrit sa version d'Antigone en 1942, c'est-à-dire en période d'occupation allemande . Il dit lui même "L'Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre [ ] Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre". Et on sent très nettement dans son œuvre la comparaison entre Créon et Pétain, et entre Antigone et la Résistance : Créon revendique de faire un travail pénible, mais qu'il doit faire, parce que c'est son rôle, parce qu'il faut bien que quelqu'un le fasse. [...]
[...] C'est un moyen de réécrire l'œuvre au goût du jour Pour conclure, nous pouvons dire qu'un auteur trouve plusieurs intérêts à la réécriture littéraire d'un mythe. Non seulement, le fait de donner de l'originalité au mythe à l'aide de différents changements, l'auteur a aussi pour but d'ajouter sa touche personnelle au mythe, de donner son avis, ainsi que d'actualiser le mythe, de sorte à y retrouver, en filigrane, le contexte politique, économique dans lequel se trouve l'auteur lorsqu'il réécrit un récit. Cependant, comment expliquer alors que le public lise ces réécritures ? [...]
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