Rimbaud, poète anticonformiste et révolté, étouffe dans le cadre provincial étroit de Charleville, sa ville natale, qu'il nomme par dérision Charlestown. Ce surnom vise à souligner la prétention démesurée de ses habitants. Le spectacle de la bourgeoisie lui inspire du mépris et nourrit son sens de la caricature. L'acuité de son regard critique n'épargne rien ni personne. Le poème « à la Musique » semble inspiré par les concerts donnés régulièrement sur la place de la gare, il s'organise en neuf quatrains aux rimes croisées et apparaît comme une série de petits tableaux qui présentent dans un premier temps les différentes catégories de bourgeois stéréotypés décrivant leurs habitudes, leurs comportements ridicules, puis dans une deuxième partie le poète laisse entrevoir sa sympathie pour les gens simples.
[...] Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres . Mettre en évidence l'image de la société qui se dégage de ce poème I. Une caricature de la bourgeoisie II. Un éloge de l'anticonformisme La description des lieux occupe les deux premiers vers, puis est complétée par des détails dispersés. Rimbaud cherche à souligner son caractère prosaïque. Le paysage a un caractère géométrique : square c'est donc une place carrée dont l'herbe est taillée verbe au participe passé qui prouve le caractère net. [...]
[...] L'accent est apporté sur son embonpoint : le vers 17 souligne par périphrase l'énormité de son postérieur, son rythme régulier suggère le roulis de ses bourrelets. Rimbaud fait un gros plan sur son ventre qu'il appelle familièrement bedaine il détaille les boutons qui sont tirés sous le volume de la chair. Ce bon vivant se livre ici à un autre plaisir que celui de la table : il fume ; le commentaire en incise montre l'illégalité de certaines transactions auxquelles se livre la bourgeoisie. La vision satirique présentée par Rimbaud est renforcée par la satisfaction dont fait preuve le personnage. [...]
[...] En conclusion, dans le poème, Rimbaud exprime les sentiments de haine que lui inspirent les milieux conformistes de sa petite ville de province, il les réunit dans un même cadre pour en dresser une caricature et pour se démarquer d'eux. Il mêle souvenirs personnels et quelques scènes du genre, afin d'opposer à la bourgeoisie l'évocation de la jeunesse et des classes populaires auxquelles il s'identifie. On peut considérer que ces vers expliquent et justifient le refus du poète de prendre sa place dans la société. [...]
[...] Ainsi la critique est renforcée, la caricature est efficace et on devine vers qui penche la sympathie du poète. Dans le sixième quatrain, Rimbaud fait une transition des bourgeois au peuple. Le même décor est décrit mais différemment comme si la perception était différente, comme si on ne s'intéressait pas aux mêmes détails selon la catégorie sociale à laquelle on appartient. Rimbaud insiste sur l'environnement naturel et la couleur : gazons marronniers verts Aux nantis de la société s'opposent les jeunes et les marginaux. [...]
[...] De plus l'adjectif mesquine fait allusion à la médiocrité des individus. Bien qu'elle soit brève, la description du décor a une fonction symbolique, c'est pourquoi on trouve des caractéristiques péjoratives pour montrer que les habitants de Charleville sont conformistes, étroits d'esprit et suffisants. Rimbaud énumère différentes catégories de nantis avec les bourgeois qui incluent les rentiers c'est-à-dire la bourgeoisie au sens propre du terme puis au sens large : les gros [employés de] bureau qui sont donc les employés supérieurs, l'adjectif gros utilisé au sens propre et figuré, leurs épouses, et les commerçants épicier Rimbaud veut donc donner sa vision d'ensemble de la classe bourgeoise. [...]
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