Théâtre, moralité, vice, vertu, Bossuet, Jean-Jacques Rousseau, Britannicus, Victor Hugo, mission sociale, jean Racine, Phèdre, antiquité gréco-latine, philosophie, enseignement moral, théorie de la purgation des passions, méchanceté, crime, châtiment, fautes, art dramatique, tragédies, catharsis, Corneille
Bossuet au XVIIe siècle et J.J. Rousseau au XVIIIe furent de grands censeurs du théâtre, coupable à leurs yeux de corrompre les moeurs. Mais autant ils l'ont incriminé, autant Hugo le glorifiera. Nul mieux que ce grand poète n'a célébré le pouvoir des écrivains, des artistes et des penseurs, vrais mages qui font flamboyer leurs torches dans la nuit de l'ignorance, source de tous les maux.
[...] Il assigne ainsi aux écrivains de théâtre une mission sociale, celle d'enseigner la vertu pour rendre meilleure la foule de leurs spectateurs. Savoir si Britannicus répond à ce but, si la lecture ou la représentation de cette pièce peut améliorer notre conduite, tel est le problème que l'on nous pose. I. L'enseignement moral de Britannicus Racine lui-même, dans la préface du Phèdre, recommande aux écrivains modernes d'imiter leurs ancêtres de l'antiquité gréco-latine en rappelant que le théâtre de ces derniers « était une école où la vertu n'était pas moins enseignée que dans les écoles des philosophes ». [...]
[...] « Il ne faut pas que la multitude sorte du théâtre sans emporter avec elle quelque moralité ». Britannicus répond-il à ce vœu de Victor Hugo ? Bossuet au XVIIe siècle et J. J. Rousseau au XVIIIe furent de grands censeurs du théâtre, coupable à leurs yeux de corrompre les mœurs. Mais autant ils l'ont incriminé, autant Hugo le glorifiera. Nul mieux que ce grand poète n'a célébré le pouvoir des écrivains, des artistes et des penseurs, vrais mages qui font flamboyer leurs torches dans la nuit de l'ignorance, source de tous les maux. [...]
[...] Une morale inefficace Connaissance de nous-mêmes, crainte du châtiment réservé aux méchants, des exemples vivants à suivre et à condamner, en voilà assez pour dissiper tout doute sur les intentions moralisatrices de Racine. Mais d'où vient l'inimitié de Bossuet et de Rousseau pour le théâtre ? C'est que l'enseignement moral du théâtre est souvent inefficace ; c'est aussi qu'au lieu de rendre l'homme meilleur, l'art dramatique représente très souvent un danger pour sa vertu : c'est bien là le cas de Britannicus A. [...]
[...] Passions et catharsis De plus, loin de calmer les passions condamnées par la morale, le théâtre les excite en nous offrant des exemples de leur réalisation. La purgation des passions, ou catharsis, ainsi que le laissait voir Rousseau et comme la psychanalyse le confirme, ne combat pas les passions, mais, au contraire, leur donne une satisfaction déguisée qui excite. Ainsi, les exemples de mal risquent plutôt de nous contaminer que de nous corriger. C. Une protection vertueuse inexistante D'un autre côté, le vice seul n'est pas puni de mort au théâtre ; les innocents y sont victimes des méchants (Britannicus) et le lecteur, même s'il condamne le criminel, ne voudrait pas d'une vertu qui le livre sans défense aux êtres de proie. [...]
[...] C'est ainsi que Britannicus satisfait bien aux exigences du poète romantique pour ce qui est des intentions et de la morale formelle, mais reste inefficace et même dangereux sur le plan pratique. Le but de Britannicus, comme celui de toute œuvre d'art, n'est donc pas la vertu, mais le plaisir artistique qui ne s'obtient souvent qu'aux dépens de la morale. Peut-être pourrait-on réconcilier le théâtre et la vertu en y montrant, non pas les faiblesses de l'homme comme le fait Racine, mais plutôt ses pouvoirs, comme dans le théâtre de Corneille qui est convaincu que : « la fermeté des grands cœurs qui n'excite que l'admiration dans l'âme des spectateurs est quelquefois plus agréable que la pitié que notre art nous commande d'y mendier pour leur malheur ». [...]
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