La Mort à Venise, 1912 - Thomas Mann (1875-1955)

Thèmes abordés

La Mort à Venise, 1912, Thomas Mann, 1875-1955, jeune homme étrange, Munich, beauté de l’inconnu, éveil à la beauté du monde

Résumé du document

Dans quel contexte a-t-il écrit cette nouvelle ? Marqué par la maladie et la mort de ses proches, la mort du compositeur Gustav Mahler que Mann apprend en 1911, sa femme Katia a des problèmes de poumons et sa sœur Carla s'est suicidée l'année précédente, et enfin par le contexte politique en Allemagne, dont le climat de guerre avec la France se fait déjà sentir en 1912, soit deux ans avant la proclamation officielle qui voit entrer l'Allemagne dans un conflit mondial.
Pourquoi Venise ? C'est à Venise qu'est mort, en 1883, Richard Wagner. Enfin, c'est sur la plage du Lido qu'il se découvre une part d'homosexualité devant la beauté d'un jeune noble polonais de quatorze ans.

Extraits

[...] Cet environnement est trop connu du narrateur, il en connaît par cœur les moindres recoins, ce qui le paralyse dans son inspiration. Décide donc de ne pas s'entêter à étouffer une impulsion jaillissante si vive et si spontanée. S'avoue séduit par l'impulsive et étrange sensation qui s'empare de lui. L'idée d'une randonnée lointaine lui paraissait trop frivole Et pourtant Impulsif besoin de fuir ; telle était il se l'avoua, cette nostalgie du lointain, du nouveau, cet avide désir de se sentir libre, de jeter le fardeau, d'oublier, besoin d'échapper à son œuvre. [...]

[...] En conclusion, si Thomas Mann nous présente un personnage enclin à rester immobile, autant dans ses pensées que dans ses écrits littéraires, il apparaît qu'il découvre en lui une envie d'évasion, de demi-perfections, du moment qu'elle est sensible. C'est le paradoxe de ce passage, un simple échange de regard déclenche une communion dans l'altérité et l'évolution d'un être toujours en devenir, qui contraste avec l'écrivain sclérosé. Ce texte anticipe également la suite de la nouvelle, il est question d'ambivalence de personnalité, d'attirance vers la mort et de sentiment de déclin, dans la mouvance que les choses peuvent avoir ou dans leur inaccessibilité. [...]

[...] Paysage d'apocalypse qui annonce la mort : chaos primitif fait d'îles les bas fonds (Enfers), un abîme végétal de plantes grasses La fascination pour la mort, même la pensée du voyage s'étant éloignée (attirance rationnelle et familière pour l'inconnu) FIN P.19 : Puis la vision s'évanouit ; et secouant la tête, Aschenbach reprit sa promenade au long de la palissade et des monuments funéraires. On apprend donc qu'il a rencontré l'adolescent près d'un lieu mortuaire, ce qui annonce le dénouement de la Mort à Venise. II- La révélation d'un inventeur sédentaire, casanier, mais avant tout pessimiste et sclérosé. Un éternel insatisfait créateur littéraire acharné, écrivain sérieux, distancié : Trop occupé aux tâches de son Moi fin P.19. Trop peu enclin à se distraire Aucun signe de laisser-aller dans sa production P21. [...]

[...] La beauté de l'étrange : un violent coup de foudre, attirance impulsive pour l'inconnu des arbres aux difformités bizarres un océan aux flots glauques (verdâtre, lugubre, sordide) des oiseaux exotiques au bec informe (comme l'ado lèvres) Cette étrangeté est séduisante et ne paraît pas du tout déprécier ce paysage plutôt agréable : il sentit battre son cœur plus fort, d'un désir d'horreur (si on retire l'énigmatique) Cette vision symbolise la venue de Dionysos (cf. mais aussi la maladie du choléra à Venise, donc anticipe la mort. [...]

[...] Voit et n'imagine pas le paysage dans son dynamisme, en train de vivre. bras de rivières des arbres (reconnu pour être stable) jeter en l'air des racines qui revenaient ensuite prendre terre surgir des palmiers aux troncs velus personnifié cannes noueuses des bambous - Mais en proie aux incohérences et originalités du rêve : visionnaire monstrueux Beaucoup d'oxymores et de constructions antithétiques : Illustration des mille merveilles, des mille horreurs de la terre opposition qui paraît naturelle, comme une esthétique de vie : le beau et le laid sont appréciés au même titre l'un que l'autre. [...]