Elle a beau dire qu'elle n'est pas une auteure, Théa Nougaro, la fille de Claude le chanteur, elle a un beau brin de plume tout de même. Plume d'ange, comme le titre de cet album de son père sorti dans les années 1970. Théa est la fille de Claude Nougaro donc, fille d'un mariage précédent. Quand elle apprend que son père n'a plus qu'une semaine à vivre, en 2004, elle décide de venir passer cette semaine-là avec Claude et sa nouvelle épouse, Hélène. La semaine durera un mois : le médecin s'est trompé. Comment d'ailleurs, a-t-il pu affirmer de manière aussi péremptoire que Claude serait mort huit jours plus tard ?
[...] Enfin, il se retourne, se dirige vers son bureau et lui dit : “C'est trop compliqué pour toi.” Théa ravale ses larmes, cherche seule et choisit un livre de Cocteau. gammes de la vie ont besoin de fausses notes pour retrouver la justesse”, lui avait lancé son père un jour. Une nouvelle formule qui la consola bien des fois. Claude Nougaro n'aime pas qu'on lui demande de pousser la chansonnette. Théa se souvient d'un soir, quand elle avait dix ans, avenue Junot. [...]
[...] À un journaliste qui lui demande un jour s'il lui reste un rêve qu'il n'aurait pas encore réalisé, il répond : ma vie est un rêve. Je vis un peu dans le rêve. Pour pouvoir écrire, il faut être conscient du mystère qu'est la vie. Pourquoi on est là, à quoi ça sert, doit-on encore espérer en l'homme, est-ce que le ‘je' en vaux la chandelle ? Moi, j'ai essayé d'être une chandelle à ma façon. Chandelle qui chancelle Dans une autre interview, il dit : “Nous sommes en pleine époque de la dérision, nous n'avons plus de valeurs, on ne croit plus en l'homme Je crois que c'est dans les périodes les plus misérables et les plus angoissantes de l'humanité que se forgent les véritables voix qui vont ressusciter (resuscité) la beauté, la bonté, le désir, le sexe et tout ce que vous voulez Au cours du “Grand Échiquier” dans les années 1970, avec une pudeur adorable, il avait énoncé cette phrase : suis trop enfant pour être père C'est un peu vrai (que je ne suis pas vraiment un père) parce que je me ronge, je ne pense qu'à moi, qu'à la combustion de mon œuvre. [...]
[...] Quand il s'absente intellectuellement, il comprend au regard des autres qu'il perd pied. Cela donne des phrases étranges, où il exprime une vision connue de lui seul avant d'en plaisanter parce qu'il sait bien, au fond, qu'elle n'est en rien connectée à la réalité extérieure : faut se méfier des voisins, car ils (mouvement mimant l'observation au télescope) se scrutent les uns les autres non je dis ça pour plaisanter.” (Rire frais et enfantin). Parfois, quand on fait preuve d'un peu trop de sollicitude à son égard, ses réactions sont un peu vives, comme ce jour où Théa et sa femme lui demandent s'il veut boire un peu et s'il se sent bien. [...]
[...] Mais, en dehors d'une ambiance qui induit une tension psychologique, c'est un film drôle ! [ ] Regardons-le, si tu veux. Une scène est effectivement impressionnante, mais le personnage d'Alex est fabuleux. Théa ne sera pas très fan du film. Mais pendant le visionnage, elle regarde surtout son père regarder le film. C'est le partage d'un moment d'intimité qui compte pour elle. Un jour, quand elle était petite, son père lui a demandé : - C'est dur d'être ma fille ? De porter mon nom ? - Pas toujours. Parfois, oui. [...]
[...] Les yeux embués de Claude la fixent, puis s'abaissent. Il aurait voulu la protéger, il était désolé de la situation. Il n'a rien dit. Il n'y avait rien à dire. Il l'a prise dans ses bras et il a murmuré : Je t'aime. Je suis là. Un jour que la mère de Théa vient le visiter, lui demande ce qu'il voudrait dire à ses petits-enfants, il répond : Écoutez la voix du chanteur, elle vous adresse des petits mots d'amour. [...]
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