Arnolphe est, de tous les personnages de Molière, celui qui s'exprime le plus par monologues. Vous dégagerez l'intérêt et la valeur dramaturgique de ce mode de prise de parole dans la pièce.
Dans L'Ecole des femmes, Arnolphe prononce six monologues, auxquels s'ajoutent cinq passages où, en fin de scène, le personnage se retrouve seul et commente l'action qui vient de se dérouler.
[...] Ce monologue clôt le troisième acte. Son suivant ouvre le quatrième : la première scène de l'acte IV est, elle aussi, un monologue. Entre ces deux scènes, Arnolphe a eu une entrevue avec Agnès. Ensuite, vient la scène 5 de l'acte quatre. Juste avant cette scène, Arnolphe a pris la décision de repousser son hymen avec Agnès, et d'isoler totalement la jeune fille afin d'empêcher toute communication avec son amant. La scène 7 du quatrième acte constitue le dernier monologue d'Arnolphe. [...]
[...] Le monologue qui ouvre l'acte IV nous apprend qu'Agnès a soutenu cette entrevue avec le plus grand calme, tandis que le vieil homme perdait progressivement son calme : elle n'est pas émue (v.1013) ; je la voyais tranquille (v.1016). Les monologues d'Arnolphe, dans L'Ecole des femmes, sont donc des instruments participant à la cohérence de la pièce, en permettant à Arnolphe d'annoncer ses projets et en lui faisant faire le récit des évènements intervenus entre deux actes. Le monologue comme moyen de découvrir la vie intérieure d'Arnolphe Par ailleurs, le monologue est, au théâtre, le seul moyen pour le spectateur de découvrir la vie intérieure d'un personnage et d'apprendre quels sont ses sentiments. [...]
[...] A nouveau, sa joie sera de courte durée : on voit, dans la scène 7 de ce même acte IV, qu'une fois de plus, son bonheur s'est évanoui, comme le prouve la présence des mots malheur (v.1191) et tristesse (v.1212). Enfin, à la fin de la scène 2 de l'acte Arnolphe voit à nouveau la chance lui sourire, en témoigne l'expression : trait d'aventure propice Sa dernière déconvenue ne sera pas exposée à l'occasion d'un monologue, ce qui suppose que celle-ci sera si totale et si violente que ce personnage pourtant exubérant et expansif sera incapable de l'exprimer. Les monologues matérialisent donc les jeux d'ascensions progressives et de chutes brutales dont Arnolphe est la victime. [...]
[...] Cet aspect est particulièrement sensible dans notre pièce : Arnolphe y dévoile, avec emphase, tour à tour, sa déception, sa colère, sa tristesse ou sa joie. Il emploie, notamment, de nombreuses hyperboles afin de figurer sa douleur : à la fin de la scène 4 du premier acte, suite à son premier entretien avec Horace et à la découverte de la relation qui s'est nouée en son absence entre le jeune homme et Agnès, il ne peut se retenir, une fois seul, d'évacuer verbalement le trop-plein de sa déception. [...]
[...] Mais, cette fois, il compte interroger la jeune fille. La quatrième scène de l'acte II contient, elle aussi, des éléments nous dévoilant les projets d'Arnolphe : je la fais venir en ce lieu tout exprès, / [ ] / Afin que les soupçons de mon esprit malade / Puissent sur le discours la mettre adroitement, / Et lui sondant le cœur, s'éclaircir doucement (v.525 à 529). Nous apprenons ainsi qu'il a l'intention d'obtenir d'Agnès les détails qu'Horace ne lui a pas délivrés. [...]
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