Dès le seizième siècle, la littérature française est très marquée par les voyages lointains, avec la découverte et la conquête du Nouveau Monde. Les récits des voyageurs et des explorateurs font découvrir aux contemporains un monde très éloigné du leur. Brésiliens et Indiens apparaissent dans « Les Essais » de Montaigne, et provoquent beaucoup d'étonnement. Au XVII° siècle, Fénelon nous convie à un voyage imaginaire dans le monde antique avec « Les aventures de Télémaque », sur le modèle de « L'Odyssée » d'Homère. Sous la forme du roman d'aventures, du roman épistolaire ou du conte philosophique, ce genre de récits connaît une vogue considérable durant le siècle des Lumières.
Nous assistons alors à la découverte d'autres mondes qui valent bien l'Europe : la Perse, si lointaine par la distance et la différence des moeurs, l' Orient fabuleux, Tahiti, paradis terrestre perdu dans l'hémisphère sud. « Les lettres persanes » de Montesquieu, « Candide » de Voltaire, « Le supplément au Voyage de Bougainville de Diderot » provoquent alors l'étonnement et le plaisir des lecteurs devant ces pays inconnus et leurs habitants à l'accoutrement et aux coutumes si bizarres. Comment ne serait-on pas enchanté devant les beautés et les richesses de ces pays, comment ne resterait-on pas interdit devant les coutumes de leurs habitants ? Dès lors le lecteur en vient naturellement à comparer tout cela avec ce qui se passe chez lui, et à s'interroger sur le bien-fondé de ses moeurs et de ses lois (...)
[...] Nous savons qu'elle prête de l'argent à un certain taux : La fourmi n'est pas prêteuse C'est là son moindre défaut. Quelle est donc l'opinion de l'auteur en la matière ? Est-il cigale ou fourmi ? Chacun peut voir ici, selon sa sensibilité personnelle, une morale religieuse qui dénonce le manque de charité chrétienne, ou une morale laïque qui condamne le manque de solidarité. Faut-il voir enfin dans l'opposition de ces deux personnages, d'un côté le monde bourgeois de la fourmi et de l'autre celui de l'aristocratie, qui préfère le plaisir de la création artistique ? [...]
[...] En effet, nous ressentons alors, à travers l'évocation de ces mondes lointains, imaginaires, toute la relativité de notre civilisation, mœurs, coutumes et institutions. Quelles sont donc les leçons morales, sociales ou politiques, implicites ou explicites, contenues dans les œuvres de fiction ? ( ( ( Certes, en écrivant Les aventures de Télémaque pour son élève le duc de bourgogne, Fénelon fait appel à l'imagination et au plaisir. Mais ce récit de voyage merveilleux est aussi une œuvre éducative, un roman pédagogique, conforme à la doctrine classique, plaire et instruire, le support enfin d'un enseignement moral et politique. [...]
[...] Nous sommes amenés à réfléchir sur la politique agricole ou commerciale d'un pays, sur la légitimité de ses coutumes et institutions. Peu à peu, le lecteur découvre les éléments d'une véritable sagesse, et il est invité à choisir lui-même sa propre voie entre plusieurs directions. L'analyse a révélé aussi quelques obstacles non négligeables à la lisibilité des leçons : dédramatisation, simplification à outrance, et ambigüité ou équivoque. Pour remédier à cela, Montesquieu par exemple recourt à deux stratégies : Les Lettres Persanes roman épistolaire et oriental, et L'esprit des lois traité sociologique et philosophique. [...]
[...] Cendrillon ne souffre t-elle pas comme tous les adolescentes de son âge, de ce qu'on appelle aujourd'hui le complexe d'Oedipe ? Une pulsion profonde qu'elle refoule et ignore elle-même lui fait désirer son père et prendre la place de sa marâtre. En éprouvant de tels sentiments, elle ressent une certaine culpabilité et sa mise à l'écart lui semble méritée. ( ( ( En définitive, nous avons constaté que l'évocation de mondes très éloignés du nôtre, celui du roman d'aventures, du conte philosophique ou de la fable, révèle à l'examen de nombreuses leçons intéressantes pour le lecteur du siècle. [...]
[...] L'utopie s'impose sans force, et nous comprenons les habitants de la Bétique, qui ne veulent pas renoncer à ce bonheur. Montesquieu nous présent également une sorte d'Eden biblique où un peuple imaginaire, les troglodytes, connaît une félicité parfaite, fruit de la vertu. Trois tableaux bucoliques et champêtres se succèdent : fêtes populaires et fiançailles touchantes prières de remerciements aux Dieux dans le temple et le soir, au retour du travail, hymne à la vertu (15-20). L'auteur rend son idée sensible par le mythe, sous une forme volontairement poétique et narrative. [...]
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