Dom Juan peut faire figure de séducteur satanique, de « diabolos » (=celui qui désunit) qui veut diviser et séparer les fiancés dans l'acte II, les frères d'Elvire, la religieuse de son couvent, le mendiant de sa foi.
[...] Face à l'insistance de celui-ci, Dom Juan finit par asséner sa fameuse formule arithmétique : Je crois que deux et deux sont quatre et que quatre et quatre sont huit Cette profession de foi rationaliste et matérialiste est bien sur un écho au libertinage contemporain. Quand le héros se heurtera aux manifestations du surnaturel, il affirmera jusqu'au bout son scepticisme qui s'exprime tour à tour par la fuite ou l'affrontement : Allons, sortons d'ici déclare t-il après avoir constaté le mouvement de tête de la statue. [...]
[...] Il faut entendre le verbe séduire en son sens étymologique de détourner, tirer ver soi (du latin seducerre) pour analyser le comportement du héros envers Sganarelle, le pauvre ou Monsieur Dimanche , Dom Louis ou les frères d'Elvire. Dom Juan peut faire figure de séducteur satanique, de diabolos (=celui qui désunit) qui veut diviser et séparer les fiancés dans l'acte II, les frères d'Elvire, la religieuse de son couvent, le mendiant de sa foi. La structure de la pièce est en partie déterminée par les provocations sacrilèges du libertin qui aggravent son contentieux avec le Ciel. [...]
[...] Molière va renouveler le thème en faisant de Dom Juan un libertin de mœurs et d'esprit très subversif. Crée le 15 Février 1665 au théâtre du Palais-Royal, Dom Juan rencontre un très grand succès. Pourtant, dès la deuxième représentation, la scène du pauvre est e »expurgée et la pièce sera retirée de l'affiche au terme de quinze représentations seulement en raison du caractère libertin de Dom Juan. Dans un sermon, le curé Roulle traite même l'auteur de criminel. Problématique : Définissez les différents sens du mot libertin et ses emplois dans la pièce de Molière. [...]
[...] Quels aspects du libertinage incarne Dom Juan ? I Du libertinage de pensée au libertinage de mœurs Issu du latin libertinus qualifiant un esclave affranchi, le mot libertin désigne au XVI ème siècle, sous la plume de Calvin notamment, une secte protestante dissidente des Pays-Bas. Au XVIIème siècle, le terme s'applique à ceux qui ne respectent pas les croyances ni les pratiques chrétiennes. Aussi différents soient-ils, des libertins comme Gassendi, Naudé, ou Théophile de Viau refusent le dogmatisme au nom du rationalisme empirique et proposent une vision plus ou moins matérialiste de l'univers héritée de l'atomisme épicurien. [...]
[...] On peut mettre ce paradoxe au compte de l'ironie de Molière ou penser comme Louis Jouvet, que le sujet de la pièce est bien plus le défi métaphysique que la séduction des femmes. Reste que le portait initial de Dom Juan, fait par son valet (acte sc.1), illustre bien le libertinage de mœurs réprouvé au XVIIème siècle : pourceau d'Epicure épouseur à toutes mains Dame, damoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud pour lui On retrouve à travers ces expressions, l'idée du fameux catalogue qui deviendra un motif essentiel du mythe de Don Juan, notamment dans l'opéra de Mozart. [...]
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