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Que serait Dom Juan sans Sganarelle ? Le maître a besoin de son valet et, en effet, peu de scènes les présentent l'un sans l'autre. Si les rapports de maître à valet, coutumes de l'époque sont respectés (Dom Juan le tutoie, Sganarelle le vouvoie), une importance particulière est pourtant accordée au serviteur. Dans la scène 2 de l'acte I, après sa célèbre tirade sur sa vision de l'amour et de la fidélité, Dom Juan sollicite l'avis de Sganarelle : "je te donne la liberté de parler", "qu'as-tu à dire là-dessus ?". Ce type de requête ne paraît pas forcément évident et montre que Dom Juan lui porte de l'intérêt et admet pouvoir bénéficier de ses conseils.
En plus de remplir une fonction de conseiller, Sganarelle s'avère être une sorte de caution des fourberies de son maître. Dom Juan l'utilise pour donner davantage de véracité à ses propos mensongers. Par exemple, la scène 2 de l'acte II, unique scène de séduction de la pièce, regorge de flatteries et de tromperies faites à la paysanne Charlotte et, pour garantir le succès de son entreprise amoureuse, Dom Juan fait intervenir Sganarelle : "Sganarelle, qu'en dis-tu ?", "Sganarelle, regarde un peu ses mains". Le serviteur, habitué aux tours de son maître, est quelque peu craintif de son autorité : "Assurément", dit-il.
Lorsqu'il obtient la permission de donner son avis, et parfois même sans l'obtenir, Sganarelle se fait aussi juge de son maître. Il confirme ainsi au public que le comportement de Dom Juan est blâmable : "vous avez tort" (IV, 5), "quel homme !" (V, 2).
Enfin, et surtout, Sganarelle est le confident de Dom Juan, ce qui laisse opérer le processus de double énonciation. En se confiant à son valet, Dom Juan expose son âme à nu au public : "je suis bien aise d'avoir un témoin du fond de mon âme". Il laisse alors, à Sganarelle et au public, la possibilité de cerner sa personnalité. En accordant à Sganarelle ces multiples rôles, Molière aide le public à découvrir qui est au fond ce "grand scélérat" de Dom Juan, sans pour autant oublier de faire intervenir le personnage pour nourrir le coeur de la comédie, à savoir le rire (...)
[...] En se confiant à son valet, Dom Juan expose son âme à nu au public : suis bien aise d'avoir un témoin du fond de mon âme». Il laisse alors, à Sganarelle et au public, la possibilité de cerner sa personnalité. En accordant à Sganarelle ces multiples rôles, Molière aide le public à découvrir qui est au fond ce «grand scélérat» de Dom Juan, sans pour autant oublier de faire intervenir le personnage pour nourrir le cœur de la comédie, à savoir le rire. III. Un personnage comique Comédie exige comique et Sganarelle en est la principale source. [...]
[...] Mes gages Après le châtiment de son maître, une seule préoccupation lui vient à l'esprit : son argent. Avec son maître, c'est sa fortune qui s'envole, et une telle cupidité, placée là où devrait être la tristesse et la peur de connaître le même sort, vient détruire la morale finale. Finalement, Sganarelle est-il véritablement croyant ? N'oublions pas qu'il est confus dans ses notions de de «diable» et de «Moine-Bourru». S'il se dit pieux, ses croyances sont en fait peu solides et il est beaucoup plus préoccupé par sa fortune que par le Paradis. [...]
[...] Le spectateur l'a bien compris : Sganarelle est le valet burlesque typique des comédies de Molière. Mais avec un peu de perspicacité, le public peut découvrir, derrière son visage farcesque, un personnage plus sombre. IV. Un personnage de peu de vertu Après 15 représentations, Dom Juan disparaît de l'affiche. Suite à la censure de Tartuffe, Molière voit cette fois la cabale s'attaquer à sa nouvelle pièce. La comédie mettant en scène un libertin, Molière, alors qu'il fait en réalité l'éloge du libertinage de pensée, est accusé à tort de faire celle du libertinage des mœurs. [...]
[...] Le personnage de Sganarelle dans le Dom Juan de Molière I. Introduction Lorsque Molière meurt en 1673, c'est un très grand personnage que perd la comédie française. S'il est connu pour être un illustre dramaturge ayant de nombreuses pièces à son actif, il fut aussi un metteur en scène et un brillant acteur. Il avait pour habitude de jouer le rôle de ses personnages les plus comiques. C'est ainsi que, en 1665, lors de la première représentation de Dom Juan, il apparaît dans la peau du valet Sganarelle, qui est loin d'être un personnage secondaire. [...]
[...] C'est un personnage burlesque, qui porte le spectateur au rire tout au long de la pièce. Parfois, il essaye de raisonner en grand penseur et, évidemment, cela s'accorde ridiculement avec ses faibles connaissances de valet. Dans la scène 1 de l'acte il débite un discours sur le tabac tout à fait grotesque, qui s'achève sur un anachronisme humoristique succulent : «quoique puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n'est rien d'égal au tabac». D'autres fois, il tente d'imiter l'éloquence de son maître et s'en rend pitoyable : dans la scène 3 de l'acte IV, il se donne le droit d'expulser le créancier Monsieur Dimanche en le poussant et en répétant avec ridicule : Ses tentatives pour ressembler à son maître, et aux personnes cultivées en général, sont vaines et hilarantes pour les spectateurs, tout comme l'est sa personnalité. [...]
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