Forces du Mal, dynamique de la pièce, Miracle, Théophile, diable, Vierge Marie
Le Miracle de Théophile reprend la légende de ce clerc qui noue un pacte avec le diable afin de retrouver son prestige, puis qui se repent et se trouve finalement racheté aux yeux du divin grâce à l'intercession de la Vierge Marie. Cette légende met donc en scène un individu, Théophile, qui se retrouve face aux forces du Bien et du Mal.
[...] Chez Rutebeuf, dans la prière que le clerc adresse à la Vierge, sa volonté ne pèse pas lourd, il résume son parcours ainsi : « En vostre douz servise / Fu ja m'entente mise,/ Més trop tost fui temptez./ Par celui qui atise / Le mal et le bien brise/ Sui trop fort enchantez. Car me desnchantez, Que vostre volentez/ Est plaine de franchise » (v. 444-452). La Vierge est présentée comme une guérisseuse : « En vilté, en ordure, / En vie trop obscure / Ai esté lonc termine : / Roïne nete et pure,/ Quar me pren en ta cure/ Et si me medecine. » (v. [...]
[...] C'est à ce moment même que la repentance de Théophile se trouve indéniablement accomplie dans son cœur, dans sa conscience grâce à l'intervention de Notre Dame. L'intérêt de la pièce de Rutebeuf réside donc dans les nouvelles clés d'interprétation de la légende qu'elle met en place. Chez Gautier de Coinci, Théophile n'est en rien responsable de ses actes, sa chute dans le mal est due uniquement à l'influence du Diable. L'instance divine sait qu'il n'a pas pris le mauvais chemin de sa propre initiative, et c'est la raison pour laquelle il peut facilement être pardonné. [...]
[...] La question de la dynamique de la légende s'intéresse aux causes qui sont à l'origine de l'histoire de Théophile ; il convient cependant de savoir ce qu'il en est de l'influence de ces forces opposées à l'issue de la pièce. En effet, Rutebeuf apporte à la légende une grande liberté d'interprétation. Le choix est laissé au lecteur quant au dénouement de la légende, et le renouement du personnage de Théophile, dont la conscience intérieure a été le lieu d'un drame cosmique, n'est pas explicitement affirmé. Ainsi, la liberté d'interprétation proposée par Rutebeuf concoure à mettre implicitement en place des questions théologiques problématiques. [...]
[...] Chez Rutebeuf, rien n'est moins sûr, l'auteur n'impose pas de point de vue. On peut se demander si la réconciliation avec la Vierge est une réalité ou une simple espérance, puisqu'à la fin de la pièce, rien n'en est dit, et que Rutebeuf fait l'économie de la mort de Théophile. De plus, si l'on considère que Théophile est responsable de ses actes, le pardon est d'autant plus difficile. Il se repent cependant, mais après sept ans passés au service du mal. [...]
[...] La pièce de Rutebeuf peut donc laisser place à différentes interprétations. L'origine de la dynamique de la pièce, la nature des forces qui la constituent est bel et bien problématique : les responsabilités du bien et du mal sont mêlées, mais celle du protagoniste y prend également une grande part. En effet, on peut dire que Théophile se trouve certes être le jouet d'un combat entre deux instances qui le dépassent, mais il semble que c'est du fait se sa propre responsabilité, de sa propre action. [...]
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