Les textes désignés par les Belles Lettres marquent la volonté au début du XXe siècle d'une publication des textes fondamentaux de l'antiquité. En effet, les auteurs grecs et latins constituent depuis la Renaissance un fonds culturel important dont on s'inspire, qu'on étudie et qu'on critique. Il s'agit ici d'une littérature élitiste, considérée, si ce n'est comme indépassable, du moins comme idéale. C'est bien l'idée exprimée dans le premier paragraphe du texte : en effet, cette littérature antique marque une certaine conception de l'idée même de littérature, la contenant et la restreignant à ces textes majeurs dont l'éloge n'est plus à faire.
[...] Ainsi, on note un véritable contraste entre deux tendances, qui d'une part montre l'expansion de l'objet littéraire vers de nouveaux horizons, mais qui ne rejette pas pour autant l'aspect sélectif de la grande littérature. Dans le troisième paragraphe, il est question de la notion de littérarité c'est-à-dire de ce qui fait qu'une œuvre est considérée comme littéraire ou non. Pour Régnier, on a longtemps cherché à définir l'œuvre littéraire par des traits caractéristiques récurrents, en privilégiant ainsi une critique de la forme sur le fond. [...]
[...] Ainsi, toute production contemporaine ne relevant pas de la mimésis ou d'une glorification des sources qui constituent l'autorité ne relève pas de la littérarité. Donc, avec une pratique qui existait déjà au Moyen-âge notamment pour les textes sacrés, et qui se systématise et s'érige en théorie littéraire à la Renaissance, période où des grammairiens tels que Budé vont chercher à définir l'œuvre littéraire par le biais d'éléments significatifs tenant pour la plupart à la forme, l'important n'était pas de créer, mais bien de reproduire, de transmettre un héritage déjà consacré. [...]
[...] D'autre part, il est question, après avoir disséqué le texte, d'en dégager les sens pluriels, et de se livrer ainsi à l'interprétation, part grandement subjective de la science littéraire et qui marque une véritable différence de nature avec les sciences exactes. Constitué ainsi comme réseau de textes produisant du sens, la littérature pourrait donc être suffisamment adaptée au monde moderne et à l'évolution du support sur lequel se propose la littérature, puisqu'elle s'inscrit dans un monde constitué comme un gigantesque réseau où l'information est le bien le plus consommé. [...]
[...] Cette prise de distance est constitutive de la littérarité. On nous montre donc à quel point il est difficile de donner une définition exhaustive de ce que doit être l'œuvre littéraire, et bien qu'une œuvre considérée comme littéraire par le sens commun soit rarement ignorée, il n'est pas de critère formel réellement fiable pour désigner à coup sûr la marque de la littérarité. Ainsi, un texte peut ne pas être considéré comme littéraire même s'il concentre une partie de ces éléments. [...]
[...] De même, l'opposition entre la production littéraire dite érudite et les écrits de médiocre composition se fait moins précise, et les textes des deux catégories se trouvent représentés dans ce qu'on nomme littérature. Ainsi, l'œuvre littéraire devient produit de consommation du grand public, mettant ainsi à mal le statut de la littérature en tant que science des lettres. Néanmoins, derrière cette diversité, l'auteur nous rappelle que la littérature élitiste n'a cessé d'exister, au contraire : en effet, la recherche universitaire constitue la figure de proue de la critique et du commentaire littéraire. [...]
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