Le mouvement naturaliste naît en France à la fin du XIXème siècle. Il a pour parrains Balzac et ses essais de physiologie sociale, Flaubert et ses descriptions de la mesquine réalité, les Goncourt pour leur obsessions documentaire mais aussi Darwin et Claude Bernard pour leur caution scientifique. Au sein de ce mouvement qui regroupe, entre autres, autour de Zola Paul Alexis, Léon Hennique, Henry Céard , Huysmans, Alphonse Daudet et Guy de Maupassant, on retrouve deux théories en opposition. Celle de Maupassant, qui affirme que le vécu du romancier influe lors de la rédaction de ses romans, s'oppose à celle de Zola qui écrit que « le romancier devrait être un simple greffier des faits qu'il rapporte et [qu'] il devrait s'interdire de juger et de conclure ». A l'en croire, le romancier naturaliste doit se borner à une observation de nature scientifique. Aucun jugement ne doit être porté sur les personnages, le lecteur devant lui-même décider de sa propre interprétation. En s'appuyant sur l'étude de l'Assommoir on constatera que l'objectivité est bien évidemment présente tout au long du texte, mais également que l'art personnel du romancier apparaît nettement, ainsi que sa subjectivité.
[...] On note une fois encore l'animalisation systématique qui rabaisse les ouvriers et qui a d'ailleurs choqué la gauche à l'époque. Enfin la peur de la foule se traduit par la comparaison systématique à un troupeau et la métaphore de l'inondation dans la scène de l'alambic. Zola voudrait donc changer un ordre social aussi inégalitaire, qui prédestine les ouvriers à la misère. Ainsi sa subjectivité est bien à l'œuvre dans le roman. Conclusion Nous venons donc de voir comment L'Assommoir, roman naturaliste, mêle l'objectivité, par la représentation scientifique de détails de la vie ouvrière, l'art littéraire de l'auteur, qui s'exprime malgré les nombreuses exigences littéraires et qui est toujours présent dans une œuvre : c'est le génie du romancier et enfin subjectivité, Zola cherchant malgré tout à transmettre un avis personnel à travers son livre. [...]
[...] Ainsi Zola veut restituer le réel aussi fidèlement que possible, comme un greffier. Dans ce but il va constituer un dossier méticuleux avant de le rédiger : L'ébauche, trame générale du roman, définie par un personnage principal, un milieu et des personnages secondaires déterminés par le milieu. De véritables fiches d'état civil sur les personnages, afin de les rendre plus vrais. Une chemise sur les lieux contenant des croquis pareils à des dessins d'ingénieur ainsi que sur les métiers réunissant tous les détails techniques qui lui sont nécessaires. [...]
[...] Les scènes et les sommaires trahissent la réalité : certains chapitres ne retracent qu'un seul jour, ce sont alors des moments clés comme le départ de Lantier (chap.1), la noce (chap.3), la fête de Gervaise (chap.7) ou encore son errance solitaire ( chap.12) ; alors que d'autres retracent de plus longues périodes : le chapitre 4 dure quatre ans et le chapitre cinq ans. On remarque également que Zola choisit de passer plus rapidement les moments de bonheur que les moments de détresse : les chapitres de la seconde partie varient de un à deux ans. [...]
[...] L'exiguïté des logements ensuite : le logement de Gervaise diminue au fur et à mesure de sa chute et la promiscuité efface toute pudeur et conduit au vice. Zola rend compte des paroles de ses personnages au discours indirect libre, comme un simple greffier. Effectivement le roman semble écrit par Gervaise : on assiste à une focalisation interne dès l'incipit lorsque Paris est vu depuis la fenêtre de l'hôtel Boncoeur, sa voix intervient très rapidement comme l'admiration naïve dont elle fait preuve lors du tournoi de boulon, ou son regard sur les nantis qui la côtoient sur le boulevard (chap. 12). [...]
[...] Il tente par ailleurs de se faire oublier comme narrateur, par une démarche scientifique : il insère une circonstance pour étudier ses répercussions sur les personnages. Tout d'abord il incorpore au roman un accident de travail vraisemblable qui a valeur d'élément perturbateur détruisant la situation initiale : un couple d'ouvriers honnêtes, travailleurs et économes. Ensuite il rend compte des répercussion successives de cet événement : sur Coupeau : désœuvrement forcé entraînant amertume, paresse et alcoolisme, puis agressivité ; sur Gervaise : perte de ses économies, dépendance envers Goujet, location de la boutique, goût de la dépense, adoption de l'attitude de Coupeau (paresse puis alcoolisme) ; ainsi que sur Nana : mauvais exemple parental qui la fait devenir vaurienne puis prostituée. [...]
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