Pierre Laforgue aborde de fait l'idée dans son oeuvre Romanticoco, chimère et mélancolie, que la mélancolie s'associe à une certaine esthétique du sentiment : « la mélancolie à l'époque romantique est moins une thématique qu'elle ne constitue une poétique (...) Cette poétique inspirée de la mélancolie se caractérise par le manque, l'absence, la perte, en un mot, le défaut. Et cela à tous points de vue : elle est aussi bien l'expression d'une défection de la réalité que la manière elle-même défective de cette réalité en manque de soi. »
[...] Comment ne pas sombrer dans la mélancolie au sein d'une telle société, où le sentiment même est sacrifié à l'argent ? Mais pour Eugénie qui ignore jusqu'à la valeur de l'argent, le commerce n'a aucun sens ; il s'agit de donner avec son cœur sans rien attendre en retour. Le langage de l'argent ne deviendra signifiant pour elle qu'au moment où Charles, revenu de son long voyage dans les Indes, préfèrera sacrifier leur amour à un mariage d'affaires. Le manque d'argent s'impose donc comme un élément très important dans des romans que commencent à envahir les réalités sociales. [...]
[...] Cependant, si la poésie tient une place importante dans les œuvres romantiques du XIXème siècle prenant pour sujet la mélancolie ; elle n'en détient tout de même pas le rôle principal que l'on assignera plus volontiers à la thématique. En effet, la thématique joue un rôle fondamental dans les œuvres de ce siècle. Sans doute Pierre Laforgue n'a-t- il pas tort de faire de la mélancolie une poétique, puisque l'essence même de la mélancolie est fondée sur la poésie ; sur le génie littéraire. Néanmoins la mélancolie à l'époque romantique est moins la cause d'un affect sentimental ,qu'elle n'est la conséquence des problèmes engendrés par le siècle. [...]
[...] Enfin un intérêt particulier sera porté au contexte social historique qui joue un rôle majeur dans la littérature romantique. Certes, la poétique occupe une place importante dans la littérature du courant romantique, où elle apparaît comme un code esthétique préalable à la narration. Les écrivains du XIX ème siècle accordent de fait une importance notable aux sonorités, à l'harmonie des mots qui viennent soutenir la description des émotions des personnages. Chateaubriand, parmi les premiers esthètes s'est intéressé à cette vocation du cadre fictionnel comme une poésie ; comme une partition musicale dans laquelle les mots sont des notes, les sentiments des vibrations et le cœur, le chef d'orchestre de tous ces instruments. [...]
[...] Freud, Inhibition, symptôme et angoisse, addenda C : «angoisse, douleur et deuil».] L'invisible araignée de la mélancolie étend toujours sa toile grise sur les lieux où nous fûmes heureux et d'où le bonheur s'est enfui Boleslaw Prus (Extrait de La Poupée) masochisme devient la conséquence inévitable. Le patient prend une attitude passive, il tire son plaisir de ses souffrances de sa contemplation de lui-même.» Karl Abraham, Œuvres complètes, Volume «Préliminaires à l'investigation et au traitement psychanalytique de la folie maniaco-dépressive et des états voisins. Paris, éd. Payot Lambotte, Marie-Claude. Esthétique de la mélancolie. [...]
[...] Le soleil se couche sur un horizon noir. L'amour n'est donc viable que dans la poésie ou la mort, des lieux exclus de la vie humaine, où il trouve un refuge, et un abri aux orages du temps. Il existe bel et bien une poétique de la mélancolie qui s'exprime à la fois à travers la description des états d'âme des personnages que celle des paysages avec lesquels ils entrent en communication. Mais cette poétique de la mélancolie est conditionnée par la thématique majeure que constitue l'Histoire. [...]
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