Apollinaire, Méditations esthétiques, cubisme, plaisir esthétique, art moderne, peinture pure
Dans ses Méditations esthétiques publiées en 1913, Apollinaire analyse le fondement et l'identité d'un mouvement artistique alors naissant, l'art moderne, et plus spécifiquement du cubisme qui en constitue la manifestation la plus explicite au début du XXᵉ siècle. Dans ce contexte, Apollinaire donne à lire une conception du cubisme comme une forme d'art construite en opposition à la tradition picturale qui l'a précédée, mais qu'il accuse à demi-mot de poursuivre un projet impossible : faire ce qu'il nomme de la « peinture pure ». C'est la raison pour laquelle il convient de se demander ici dans quelle mesure Apollinaire parvient à déployer une vision suffisamment juste du cubisme pour en exprimer très tôt les caractéristiques fondamentales, tout en semblant ne pas parvenir à y voir une véritable forme d'art (bien qu'il souligne son indépendance radicale), au même titre que les peintres précédents, à qui il semble accorder une plus grande légitimité.
[...] Méditations esthétiques - Guillaume Apollinaire (1913) - Dans quelle mesure Apollinaire parvient à déployer une vision suffisamment juste du cubisme Introduction Dans ses Méditations esthétiques publiées en 1913, Apollinaire analyse le fondement et l'identité d'un mouvement artistique alors naissant, l'art moderne, et plus spécifiquement du cubisme qui en constitue la manifestation la plus explicite au début du XXème siècle. Dans ce contexte, Apollinaire donne à lire une conception du cubisme comme une forme d'art construite en opposition à la tradition picturale qui l'a précédée, mais qu'il accuse à demi-mot de poursuivre un projet impossible : faire ce qu'il nomme de la « peinture pure ». [...]
[...] En cela, le reproche qu'Apollinaire formule à l'égard des « nouveaux peintres » qui ne manieraient pas l'usage des titres avec suffisamment de précaution apparaît comme largement infondé. Ainsi La femme qui pleure, peint par Picasso en 1937 entend, par la déformation du visage et au prix de la vraisemblance, inclure dans le tableau les multiples variations du concept des pleurs : il ne s'agit pas, comme le suggère Apollinaire, de « peinture pure » qui s'affranchirait du monde et romprait avec la peinture. [...]
[...] Mais le poète dans son texte place au centre de sa réflexion le concept de plaisir esthétique, de sorte qu'il ne ménage pas d'espace pour d'autres émotion. De la même manière, le plaisir de l'observation de la nature devrait selon la conception qu'il développe se retrouver dans le plaisir de la contemplation de l'oeuvre par le spectateur. Or cette vision diverge en partie du projet cubiste, pour lequel prime la représentation de la réalité, et non son imitation, aussi convaincante soit-elle. [...]
[...] Or cette conception selon laquelle il devrait y avoir entre l'oeuvre et son titre une correspondance logique constitue précisément l'une des remises en question que propose le cubisme. Or Apollinaire semble considérer que l'observation de la nature doit se retrouver dans le geste les cubistes selon lui « évitent avec soin la représentation de scènes naturelles ». Ce n'est pourtant pas le cas, comme en atteste la Montagne Sainte-Victoire de Cézanne dont les lignes courbes et les couleurs outrées expriment l'idée du naturel. [...]
[...] Conclusion Ainsi, la réflexion d'Apollinaire sur le cubisme permet d'en définir la résonance esthétique sans toutefois parvenir à déterminer complètement ses relations avec la tradition picturale. Si le cubisme constitue effectivement, comme le pressent très tôt Apollinaire, un mouvement de rupture avec le tradition de représentation du monde, le poète semble minorer la légitimité que le cubisme s'assigne d'en proposer la présentation. [...]
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