Péguy en 1899, dans La Revue Blanche, voyait en Barrès un "Tartuffe moisi". Il fait la connaissance de l'écrivain nationaliste en janvier 1906, à l'occasion d'un déjeuner organisé par Charles Lucas de Pesloüan; peu après, Barrès s'abonne aux Cahiers de la quinzaine.
Péguy et Barrès ont des connaissances communes : les frères Jérôme et Jean Tharaud, amis de jeunesse de Péguy. Jérôme devient dans l'hiver 1904 le secrétaire littéraire de Barrès, alors qu'il avait signé en 1898 la pétition en faveur de la révision du procès de Dreyfus. En 1908, Jean, le frère cadet, entre à son tour au service de l'écrivain anti-dreyfusard. Le travail de Jérôme sous la direction de Barrès ne marque en aucune manière une rupture des Tharaud avec un Péguy qui, lui-même, a déjà sensiblement évolué depuis la fin du siècle et dont l'évolution se poursuit alors. La nouvelle "Bar-Cochebas, notre honneur" illustre ce chevauchement des "années Péguy" et des "années Barrès".
[...] Le culte du moi Maurice Barrès est né en août 1862 à Charmes. La famille de sa mère avait pris racine en Lorraine depuis plusieurs générations. Il a huit ans en 1870 et comme beaucoup de Français il n'oubliera jamais l'humiliation de la défaite et de l'occupation : C'est persuasif pour toujours, écrira-t-il vers la fin de sa vie, d'avoir vu dans sa huitième année une troupe prussienne entrant sur un air de fifre dans une petite ville française. Le jeune Barrès étudie d'abord au collège de la Malgrange, où il est très malheureux, puis au lycée de Nancy de 1877 à 1880 ; son professeur de philosophie, Burdeau, apparaîtra plus tard sous le nom de Bouteiller dans Les Déracinés. [...]
[...] Jérôme devient dans l'hiver 1904 le secrétaire littéraire de Barrès, alors qu'il avait signé en 1898 la pétition en faveur de la révision du procès de Dreyfus. En 1908, Jean, le frère cadet, entre à son tour au service de l'écrivain anti-dreyfusard. Le travail de Jérôme sous la direction de Barrès ne marque en aucune manière une rupture des Tharaud avec un Péguy qui, lui-même, a déjà sensiblement évolué depuis la fin du siècle et dont l'évolution se poursuit alors. La nouvelle "Bar-Cochebas, notre honneur" illustre ce chevauchement des "années Péguy" et des "années Barrès". Le "prince de la jeunesse" 1. [...]
[...] CONCLUSION En guise de conclusion, nous pouvons rappeler que Barrès a aidé à s'affirmer des hommes aussi différents qu'André Gide et François Mauriac, Louis Aragon et Drieu La Rochelle, ainsi que Montherlant, qui possède un authentique filiation barrésienne. Barrès, homme enraciné en Lorraine profonde, ne quitte jamais des yeux la barre mamelonnée de Sion Vaudémont. Il puise dans les sillons meurtris de son pays la certitude d'un avenir national vainqueur. Nourri de l'histoire de la France qu'il ressent pleinement en lui, il sait exacerber les forces nécessaires pour recouvrir les territoires perdus. Appaisé, enfin, il retrouve des élans réconciliateurs qu'ont oublié la plupart de ses détracteurs. [...]
[...] En effet, à la suite de la guerre, son nationalisme change de nature et passe du nationalisme revanchard à un nationalisme catholique. La victoire, la revanche, la reconquête des provinces perdues, c'est vraiment la victoire de Barrès. Mais, au moment même où son vieux rêve de revanche se trouve réalisé, Barrès s'interroge sur le sens de sa vie et sur la signification de son nationalisme. Avant la guerre de 1914, il écrivait déjà dans ses Cahiers : Je sens depuis des mois que je glisse du nationalisme au catholicisme. [...]
[...] Farouche défenseur de l'armée et anti-dreyfusard convaincu, Barrès, en face de Zola, prend parti contre Dreyfus dont le second procès se déroula en 1899. Il affirme dans La Cocarde qu'il n'a "rien à faire avec le nommé Dreyfus" qui porte "le lorgnon sur son nez ethnique" et décrit la cérémonie sous le titre : "La parade de Judas". Personne ne sait alors que le véritable coupable est (Walsin) Esterhazy. Barrès se déchaîne contre les dreyfusards et publie dans Scènes et doctrines du nationalisme (1902) de nombreux textes animés par l'antisémitisme le plus élémentaire ; il fait paraître entre 1897 et 1902 la trilogie du Roman de l'énergie nationale (Les Déracinés, L'Appel au soldat et Leurs figures et entre 1905 et 1909 Les Bastions de l'Est (Au service de l'Allemagne et Colette Baudoche L'auteur d'Un homme libre devient l'homme d'un camp, sans hésitations, sans nuances. [...]
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