Marx et Chateaubriand

Résumé du document

Synthèse du cours de Français consacrée aux oeuvres de Marx et Chateaubriand (prépa Maths spé ATS) ayant pour thème : "Penser l'histoire".

Extraits

[...] Le traitement que Marx fait de ses sources est donc double : elles lui permettent d'une part de restituer les événements passés, et de les attester ; mais il tient compte d'autre part du rôle actif que ces sources ont joué dans le cours des événements - c'est d'ailleurs sur ce plan-là qu'on peut aussi concevoir, comme nous l'avons suggéré, la signification de l'écriture de Marx lui-même. Chateaubriand, presque aussi régulièrement que Marx, exhibe des sources pour attester la vérité de son récit, selon un dispositif qui ressortit à un montage temporel particulièrement complexe. La presse, là encore, joue un rôle. [...]

[...] t XXIV, chap p. 733). Chateaubriand lui-même n'est pas loin, par la violence propre à la guerre civile, de concevoir de façon dialectique la transformation de vertu entre la France d'Ancien Régime et la France républicaine chap p. 591). Dès lors, il n'est pas peu paradoxal que l'oeuvre de Marx, qui pense clairement l'histoire comme nécessairement dialectique, ne parvienne pas à assumer un point de vue détaché de tout affect. En effet, selon la dialectique du matérialisme historique, ce sont les changements au sein de l'infrastructure qui déterminent de façon inéluctable la superstructure, en particulier la morale des acteurs de l'histoire. [...]

[...] ] auront été présentés à Fouquier au tribunal de Dieu chap p. 656). Dès lors, quand il anathématise les différents groupes de diables formés par les Cordeliers, n'est-ce pas pour donner un tour indiscutable à son jugement historique chap P-559) Marx verrait là assurément opium du peuple tel qu'il l'analyse dans sa Critique de la philosophie du droit de Hegel: une mauvaise réponse qui trahit un vrai problème, le besoin d'espérer. N'est-ce pas justement pour n'avoir pas à penser sa propre responsabilité historique dans sa misère londonienne que Chateaubriand invoque la puissance divine : Trop faible pour remuer ma couche, elle restait comme Dieu me l'avait retournée chap p. [...]

[...] N'est-ce pas là inciter à une amnésie qui vaille amnésie collective ? Rien, pourtant, ne serait plus éloigné du projet initial de Chateaubriand que l'amnésie volontaire. De même qu'avec Sabine prononçant Je] serai du parti qu'affligera le sort Corneille souligne que le rôle des femmes dans Horace est de conserver la mémoire des vaincus v. de même Chateaubriand peut affirmer ceci : la menace du plus fort me fait toujours passer du côté du plus faible : l'orgueil de la victoire m'est insupportable chap. p. [...]

[...] 581), nombre d'acteurs de la révolution de 1848 fustigent à la tribune de l'Assemblée le danger césariste représenté par Louis-Napoléon mais ne sont pas prêts à se battre. D'après Marx, tel serait Thiers : Héros parlementaire atteint plus que quiconque du mal incurable du crétinisme parlementaire (p. 287). En somme, n'accorder aucune valeur à la vie, comme le fait Horace, mettrait en crise l'engagement du héros dans l'histoire, mais accorder une valeur insurpassable à la vie, à commencer par la sienne propre, interdirait de faire progresser l'histoire. Comment juger les cas intermédiaires ? Quelle hiérarchie des valeurs propose l'histoire ? B. [...]