Commentaire composé
[intro. de l'intro.] Apollinaire (1880-1918), chantre de la modernité, est l'auteur du recueil Alcools, où le poète juxtapose dans un tout à l'unité problématique des poèmes de factures très diverses.
[forme] "Marie" est de forme plus classique que bien d'autres poèmes d'Apollinaire : il se distingue par la régularité de ses vers (octosyllabes), régularité qui n'est troublée que par un alexandrin, lui-même tout à fait classique (v.9 : alexandrin régulier avec césure au sixième pied). Ses rimes croisées alternent rimes féminines et masculines de la manière la plus traditionnelle...
[matière] Cet apparent classicisme se retrouve aussi dans le sujet du poème, qui évoque dans la plus pure tradition lyrique l'amour du poète pour une Marie : difficile de ne pas penser aux sonnets de Ronsard.
[effet sur le lecteur] Dans sa séduisante simplicité, « Marie » dégage un charme pénétrant : celui d'un univers de pureté et d'idéale simplicité. Mais sa douceur se double d'une mélancolie diffuse - nostalgie de l'impossible ?…
[Annonce du plan] Nous verrons dans un premier temps comment Apollinaire conjugue simplicité et ambiguïté dans ce poème apparemment simple mais réellement complexe, puis comment le poème oscille entre dialogue et monologue. Nous nous intéresserons ensuite aux modalités du sentiment amoureux ; enfin, nous étudierons le thème du temps, omniprésent dans le poème.
[...] Les multiples questions du poème témoignent de ses doutes poignants : Y danserez-vous Quand donc reviendrez-vous . Que n'ai-je/Un cœur à moi Sais-je où s'en iront tes cheveux Sais-je où s'en iront tes cheveux Quand donc finira la semaine Autant de questions biaisées qui servent à en masquer d'autres : Marie reviendra-t-elle ? Le poète l'oubliera-t-il ? . Et le cœur changeant dont il est question, est-ce celui de Marie, celui d'Apollinaire, ou les deux en même temps ? . [...]
[...] Un mariage, peut-être ? . Profondément idéalisés, passé et futur se font face comme deux images aussi merveilleuses et irréelles l'une que l'autre. Cependant le poème se clôture sur un retour désabusé au réel qui nous indique qu'Apollinaire n'est pas totalement dupe de ses fantasmes : Je passais au bord de la Seine [ ] Quand donc finira la semaine Conclusion Marie est un poème limpide, dont la transparence enfantine n'exclut pourtant pas une secrète complexité. Apollinaire y idéalise la figure de Marie, femme aimée changée en adorable icône, à la fois petite fille innocente et agnelle Mais derrière cette carte postale rétro, c'est la montée irrésistible de la marée de l'oubli qu'Apollinaire nous fait pressentir. [...]
[...] Rien de plus savant que cette ingénuité a. Un style et un univers d'une simplicité idéalisée Quelques répétitions : dansiez, danseriez ; sais-je, sais-je, sais-je, changeant, changeant ; un vocabulaire ne présentant aucune difficulté (alors que dans d'autres poèmes, Apollinaire ne craint pas d'employer des archaïsmes ou de créer des néologismes[1]) ; des phrases dont la syntaxe épouse la prosodie : avec Marie, on se trouve face à un poème apparemment simple, et cette simplicité délibérée, voulue, est en parfait accord avec l'univers que le poème convoque et évoque. [...]
[...] dont Marie est le centre. Marie elle-même, dont nous ne connaissons que le prénom et les cheveux, est la figure centrale et ordonnatrice de cette image. Son prénom se situe à un carrefour de significations : innocence et pureté mariale (Marie n'est-elle pas la mère immaculée du Christ ? . amour (comme l'a noté Ronsard, Marie contient les mêmes lettres que aimer), mais aussi simplicité campagnarde (le prénom Marie a été longtemps omniprésent dans de la campagne française). Toutes ces connotations virtuelles sont activées dans le poème : la maclotte sautillante que danse Marie petite fille l'intègre à un univers provincial[3] ; elle est aussi la femme aimée ; entre la jeune femme et les innocentes brebis, symboles d'innocence et de pureté christique[4], le lien se fait d'autant plus naturellement que les cheveux de Marie moutonnent c. [...]
[...] Ses rimes croisées alternent rimes féminines et masculines de la manière la plus traditionnelle . [matière] Cet apparent classicisme se retrouve aussi dans le sujet du poème, qui évoque dans la plus pure tradition lyrique l'amour du poète pour une Marie : difficile de ne pas penser aux sonnets de Ronsard. [effet sur le lecteur] Dans sa séduisante simplicité, Marie dégage un charme pénétrant : celui d'un univers de pureté et d'idéale simplicité. Mais sa douceur se double d'une mélancolie diffuse - nostalgie de l'impossible ? [...]
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