Objet livre, lecteur, livre d'artiste, expression de soi, Edward Ruscha, Claudie Guyennon Duchêne, signification sémantique, L'enfant mauve, symétrie, livres de dialogue, expérience visuelle, réalisation de la couverture, couverture de livre
Le livre d'artiste semble être un lieu d'expérimentation et d'expression de soi privilégié. Faire la démarche d'en réaliser un n'est jamais anodin puisqu'il demande réflexion et souvent ingéniosité dans sa conception. Pour les livres de dialogue, ils requièrent une compréhension profonde et mutuelle et une certaine confiance en l'autre dans sa capacité à sublimer. Pour les livres d'artistes contemporains, c'est l'aboutissement d'un produit fini garant de ce que l'artiste peut accomplir, dans lequel ce dernier s'investit pour construire un livre qui lui ressemble. Souvent en exemplaires restreints, les livres d'artistes se présentent comme des objets avec un caractère presque précieux, intime. Ces livres sont alors aujourd'hui recherchés par des bibliophiles. Définir le livre d'artiste n'est pas chose aisée ; les frontières, en mouvances, sont appelées à être dépassées. Ici, nous distinguerons les livres de dialogue où plusieurs artistes concourent à la réalisation d'un même ouvrage et livres d'artistes contemporains qui sont le fait d'un seul et même artiste, sans prendre nécessairement en compte le caractère de la reproductibilité à grande échelle. En effet, nous pouvons supposer que le travail d'Edward Ruscha, qui a donné naissance à un nouveau paradigme, reflète sa vision personnelle de l'art. Le produit fini est donc un livre à son image, celui d'un seul artiste exprimant sa conception de l'art, empreint de son idéologie. Une chose est certaine : livres de dialogue ou livres d'artistes contemporains, chacun à sa manière repense le texte, l'image, l'objet et la relation du lecteur à l'objet.
[...] Ainsi, la lecture proposée par les livres d'artistes est, plus fréquemment que dans l'édition classique, tabulaire. Nous pouvons notamment convoquer Architectures réalisé par Denise Desautels et Gabriel Belgeonne où le lecteur peut déplacer des sortes de fenêtres, ce qui, dans le même temps, déplace le texte et donc l'ordre de lecture. Plusieurs versions d'un même poème peuvent donc naître. Cette lecture tabulaire s'explique notamment par le fait que, bien souvent, dans les livres d'artiste, le texte n'est pas seulement donné à lire mais, également, donné à voir. [...]
[...] C'est un peu comme si on créait un environnement propice à l'expression de l'image, comme on exposerait un tableau dans un univers qui lui en fait ressortir l'esprit (musée Dali par exemple) plutôt qu'en suivant le modèle du white cube. III. Repenser l'objet-livre Faire un livre d'artiste, c'est aussi l'occasion de repenser l'objet-livre, d'en proposer une interprétation, de le questionner. Interprétation personnelle ou collaborative qui, parfois, mène à classer certaines réalisations la catégorie des livres objets. Lorsqu'il ne reste à l'objet livre comme on le connaît seulement l'élément textuel et le rapport tactile à l'objet, peut-on encore le considérer véritablement comme un livre ? [...]
[...] Souvent, dans les livres de dialogue, le texte préexiste au travail de l'image. Toutefois, là où les livres d'artistes se distinguent de simples livres illustrés, c'est justement que le travail de l'image n'a pas un rôle purement illustratif. Il n'a pas pour but de cristalliser le travail de l'imagination en proposant une représentation figurative du texte, mais d'aller plus loin. Plus loin dans l'interprétation, dans l'intertextualité (en donnant au texte son sens élargi), dans le processus d'adaptation entre deux ?uvres. [...]
[...] Ainsi, quand on observe le fonds des livres d'artistes de la BFM de Limoges, nous remarquons que ce sont le plus souvent des textes courts qui sont mis à l'honneur. En première place, les poèmes, puis toutes sortes de nouvelles ou de textes courts. Cela s'explique probablement par le caractère assez intime du livre d'artiste qui, par la réalisation d'un objet personnel ou d'une collaboration, appelle à un certain onirisme. La volonté est alors de décupler la force ou d'un texte court par un environnement propice, soit dans la continuité, soit dans la rupture. [...]
[...] Le procédé se fait de la même manière si un écrivain produit un texte à partir d'une ?uvre plastique déjà existante. II. Les caractéristiques de l'image L'image, la forme, le figuratif comme l'abstrait, ont donc bien souvent une place à part dans les livres d'artistes, parfois même avec le retour à quelque chose de plus artisanal. En effet, le livre d'artiste fait beaucoup appel notamment au procédé de l'eau-forte, de nos jours plutôt abandonné dans l'édition. Elle créé des discontinuités sous forme de cuvette dans la page qui suit. [...]
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