À partir d'un extrait de Manhattan Transfer de Dos Passos, nous allons étudier la vision de la ville nouvelle qui mène un des personnages au suicide. On peut voir une certaine "poètique du suicide" menée par l'auteur, qui laisse son personnage en exclusion de la société, où la vie urbaine devient une existence de "non - penser"
[...] On peut donc penser que la ville condamne l'être humain avec la paranoïa de Bud qui va grandissante dans le milieu urbain. Pages 25-27, lorsque Bud est chez le coiffeur, le simple rasoir lui fait se souvenir de la pioche qui a été l'instrument du meurtre, puis l'évocation du sang ne laisse pas de doute sur ses angoisses. Les symboles du chapeau melon et du cigare pour évoquer les policiers augmentent comme on l'a vu ses hantises. C'est alors le behaviourisme qui est mis au premier plan puisque Bud juge les gens qu'il croise selon leur facette extérieures, sur leur comportement, et ne cherche pas à en savoir plus. [...]
[...] Ceci renforce l'impossibilité pour le lecteur de se situer face à cette scène, où pourtant le personnage s'enfonce plutôt dans de sombres enfers. Là où le narrateur intervient c'est pour nous dresser un véritable tableau de la ville qui naît sous un nouveau jour. Une véritable poétique s'installe alors, avec des épithètes précises et coloriées, comme si celui qui décrit était un peintre. Cela commence page 157 : On eût dit qu'on marchait dans les étoiles. En bas, de tous les côtés, des rues s'effilaient en raies pointillées de lumières, entre des blocs d'édifices aux fenêtres noires. [...]
[...] Ce qui touche ici, c'est aussi la solitude du personnage, et sa chosification. Il est seul et incompris jusqu'au bout, illustrant alors la conception de la ville de Robert Park dans ses Propositions de recherche sur le comportement humain en milieu urbain qui la décrit comme une mosaïque de petits mondes qui se touchent sans s'interpénétrer Ainsi, si la ville est si belle décrite par un écrivain qui voulait être au départ architecte et qui avait donc le sens de l'esthétisme urbain, elle est aussi source de douleur, de superficialité, de mort. [...]
[...] On peut également penser que Bud reste un ange noir pour la suite du roman. Son destin est lui-même symbolique, car c'est un jeune homme, un peu le double de Jimmy, qui a subi dans son enfance des traumatismes. Il est un peu la figure d'un martyre en révolte. Mais pas si ange que ça, l'expression de Mac Avoy le souligne d'ailleurs que le diable l'emporte car en effet, Bud n'a pas de chance, il est comme damné par la ville et condamné par la Nature. [...]
[...] La rivière scintillait en bas comme en haut la Voie Lactée. Il y a donc ici un jeu de lumières, de clair obscur que l'écrivain nous décrit. Mais le foyer de perception reste impersonnel, ni Bud, ni le narrateur ne s'inscrivent clairement dans le récit. Et la ville dans sa beauté va accompagner Bud en fond de trame jusqu'au bout : page 157 : Un des bords de la nuit bleue commençait à rougir derrière lui, ainsi que le fer commence à rougir dans la forge. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture