Magie et théâtre, dramaturges européens, Shakespeare, alchimiste, quête humaniste, chasse aux sorcières, Magicien Prodigieux, Calderon, magie de Médée
La magie au XVII° siècle au théâtre est un thème prisé des dramaturges européens. Shakespeare lui accorde une place certaine dans son œuvre avec la notion de féerie qui sera récurrente après la mise en scène de Songe d'une nuit d'été.
Le XVII° siècle est pourtant une période ambiguë quant à sa position sur le thème magique et surnaturel. C'est le siècle où le mage est aussi philosophe et scientifique, héritier de l'alchimiste et de la quête humaniste. Mais c'est aussi l'époque des bûchers et de la chasse aux sorcières.
[...] Que pousserait une mère à tuer ses propres enfants si ce n'est une infamie encore plus grande ? Enfin, les tentatives de manipulation du démon révèlent le sempiternel combat du bien et du mal si l'on considère que Dieu représente ce bien et qu'on puisse le considérer comme un bien totalitaire. Les trois œuvres ont en commun un accessoire mis en scène qui symbolise ce rapport monde caché/révélé : le manteau, la mante, la cape. La cape d'invisibilité de Prospéro lui permet d'agir à couvert afin d'observer les comploteurs révéler leurs sombres desseins. [...]
[...] Ce savoir-faire agissant serait, de plus, objectif et intérieur. Objectif, donc pouvant être perçu par tous, interagissant avec le monde. Or une capacité qui agit sur tous de façon indubitable est à considérer comme un pouvoir. Si ce pouvoir est intérieur également, c'est qu'il est à l'inverse invisible pour les autres, les non-magiciens, et relève donc de la subjectivité. Les pouvoirs magiques de Prospéro ne font aucun doute, et une vision optimiste du personnage peut le faire passer pour l'archétype du mage philosophe, pétri de science et de spiritualité, qui utiliserait une magie dite blanche dans le but de s'élever intérieurement et de rendre le monde meilleur. [...]
[...] Médée est, à l'inverse, une divinité en révolte contre les hommes. Cyprien est tiraillé entre la croyance en un Dieu unique -celui des chrétiens- et la soumission au démon son maître. C'est cependant le Démon lui-même qui incarne à la perfection la figure de révolté de Dieu. Lucifer, le porteur de lumière, est l'emblème même de l'ange révolté et c'est bien lui le véritable magicien, le rebelle de la pièce. Même si la morale prône un monothéisme chrétien, le choix de l'époque où se déroule l'action et où cohabitent polythéisme du panthéon, Romains et Chrétiens persécutés permet de concevoir la lutte entre Dieu et le démon comme un combat de magiciens. [...]
[...] III-Une quête de la normalité ? Un choix tranché. Cyprien débute la pièce en se questionnant sur Dieu. Son doute le conduit à la vanité de croire qu'il pourra faire plier la volonté d'une chrétienne et il devient disciple du Démon. La sérénité le regagne lorsqu'il meurt et que Justine l'aime dans la mort. Ainsi, il lui suffisait de choisir Dieu pour être exaucé. Prospéro est certes la victime d'une machination politique. Cependant, une fois qu'il a retrouvé sa place, il semble satisfait et heureux. [...]
[...] Il n'en est rien. Le dépôt des armes Cyprien dit en fin de troisième journée vouloir se désillusionner. Prospéro déclare en épilogue avoir abandonné ses charmes, redevenant un “pauvre humain” Médée abandonne la société des mortels, le lieu où s'exerçaient ses pouvoirs. Abandonnant leur magie, les magiciens, mages et demi-déesses ont renoncés à leur révolte et avec elle à leur cri de liberté. Ils ont juste causé le trouble un court instant avant de retrouver un univers ou plus rien n'est remis en question. [...]
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