Louis Calaferte est né le 14 juillet 1928 à Turin. Dès l'âge de 13-14 ans il est obligé de travailler comme manœuvre ou comme garçon de course… mais se prend de passion pour la littérature : "je m'enfouissais sous le texte, comme une taupe… J'ai aimé les écrivains. Tous les écrivains. D'un amour de béatitude".
« Ca commence au bout du monde.
Il me semble encore entendre Lédernacht, le juif Allemand, soutenir que le Christ n'avait pas été crucifié, mais bel et bien écrabouillé, à coups de talons et qu'ainsi toute résurrection était fort improbable ».
Ainsi commence le tout premier roman de CALAFERTE, Requiem des innocents . Fils d'immigrés italien, né à Turin en 1928 dans une famille pauvre, il échoue tout jeune dans une banlieue lyonnaise.
Ce premier livre est l'histoire de sa jeunesse. Un livre autobiographique comme le seront tous les suivants. « Ma vision de la littérature, c'est explorer la seule chose qu'on puisse connaître : soi-même. La totalité de ce que j'ai écrit, d'une manière ou d'une autre, est autobiographique (…). Je trouve finalement l'imaginaire pauvre, il n'a pas de continuité. Alors que, dans la mesure où on a le courage moral d'être sincère – car il en faut – l'exploration de soi est presque un devoir, il fait dire aux autres ‘'Je suis fait comme ça, je ne suis pas une exception particulière, voilà ce que je pense, ce qui m'advient, ce que j'ai vécu''.
[...] Les passants passent. (Folio 2821 Louis CALAFERTE Droit de cité : Des millions d'hommes meurent de faim, l'injustice, l'obscurantisme sont partout ; on arrête, on emprisonne, on déporte, on torture, on répand le sang, on diffuse le mensonge corrupteur, on entretient l'analphabétisme, on étouffe les idées généreuses, on anéantit les consciences pendant ce temps- là, nos célébrités littéraires font de la littérature confortable, c'est-à-dire du pur fumier, se prostituant au public de toutes les façons, notamment par l'intermédiaire de cette entreprise de décérébration qu'est notre actuelle télévision. [...]
[...] Qu'on ne se trompe pas. On a affaire ici, à un des plus grands écrivains de tous les temps. Que cette modeste et incomplète présentation puisse vous donner envie de foncer sur son œuvre ! Ce qui, peut-être, me caractérise le mieux, c'est ma passion de l'indépendance et une fondamentale confiance dans mon destin d'écrivain, pour l'accomplissement duquel j'ai pris tous les risques depuis l'âge de 16 ans Louis Calaferte s'est éteint à l'âge de 66 ans, en 1994, des suites d'une longue maladie. [...]
[...] Tu te rends compte, mon porte- jarretelles, ma culotte et mes bas noirs dans la robe rouge qui s'entrouvre à chaque pas, tu te rends compte du nombre d'hommes que je ferais bander et dans quel état ça me mettrait ? Tentatrice. - Dans la rue, si j'étais putain, tu me choisirais ? Comme le dit les notes au dos du livre Aucun écrivain n'aura jamais parlé de l'impudeur et de l'obscénité des femmes avec une telle précision, un tel détachement, avec autant d'intense crudité. Sur le même ton de lucidité, C'est la Guerre, où la guerre de 39-45 vu par un enfant de 11 ans, Louis Calaferte. Tout autant tragique. Et beau. Singulier personnage que ce Louis Calaferte. [...]
[...] J'aurais bien aimé pourtant. Tu es peut-être morte sous le couteau de Ben Rhamed, le bicot des barrières dont les extravagances sexuelles t'affolaient. Si tu vis quelque part, sache que tu peux m'offrir une joie. La première. Celle de ta mort. Te voir mourir me paierait un peu de ma douloureuse enfance. Si tu savais ce que c'est une mère ! Rien de commun avec toi, femelle éprise, qui livra ses entrailles au plaisir et m'enfanta par erreur ( Je traîne ma haine de toi dans les dédales de ma curieuse existence. [...]
[...] Avec une rage célinienne, Calaferte s'ouvre, avance à nu, sans masque. Un livre habité par la crudité du vécu, d'une lucidité envers lui-même et ses contemporains insoutenable et prophétique, hanté par le spectre métaphysique. J'ai écris ce livre dans une immense anxiété car je sentais que j'étais à la croisée de quelque chose et que ça allait clore une période. Je voulais m'affronter avec moi-même, aller aussi loin qu'il se pouvait à l'époque dans un vrai qui ne soit pas du réalisme, ce qui m'a amené, inconsciemment d'ailleurs, par la force des choses, au choix de la forme lyrique. [...]
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