Lorenzaccio, héros romantique, Musset, double personnalité, objet de débauche
On peut tout d'abord s'interroger sur le terme de héros qui semble être l'unique caractéristique littéraire de Lorenzaccio puisqu'il est le personnage principal de cette œuvre. Malgré son statut de « favori », il n'est consacré à ses répliques que quinze scènes sur trente-neuf. Cette illégitimité scénique peut néanmoins s'expliquer par la quasi-omniprésence de Lorenzo dans les discours des autres personnages, renforçant peut-être l'importance de son rôle.
[...] Comme nous l'avons vu, le personnage de lorenzo révèle une psychologie complexe que nous tentons d'expliquer. A l'origine, une promesse, qu'il s'est fait un jour de débauche, que nous trouvons à l'acte III, scène III je tendis vers le ciel mes bras trempés de rosée, et je jurai qu'un des tyrans de ma patrie mourrait de ma main. ; c'est un personnage révolté, ambitieux et résolu d'affirmer ses convictions, une patrie libre et républicaine ; de les concrétiser par le meurtre d'un tyran, par ce qu'il espère être le meurtre d'un pouvoir centralisé. [...]
[...] Ô nature magnifique, ô éternel repos Le repos dont il parle est peut-être celui qui vient après une lourde besogne, comme si la promesse qu'il s'était faite était un devoir. A partir de là, on se demande si le personnage de Lorenzo est si ambigu qu'il n'y paraît. Si une fois l'acte accompli il est réellement libéré de ce destin qu'il a lui-même choisi. Ces particularités font-ils de lui un héros romantique ? Ce que nous savons de Lorenzo en dehors de ses convictions politiques, c'est qu'il est un objet de débauche. [...]
[...] Pour ce faire, il met en place un stratagème, incluant, pour tout, la préméditation. Avec l'aide de Scoronconcolo, il répète ce meurtre chaque soir, dans sa chambre, là où l'assassinat aura lieu afin d'accoutumer ses voisins aux cris du futur meurtris. Mais là ne réside que l'aboutissement de son projet. En effet tout au long de la pièce, jusqu'au meurtre exécuté, le lecteur est partagé entre la vision d'un lorenzatta traître et celle d'un lorenzo républicain. Cette double vision est d'autant plus marquée que lorenzo est présenté comme l'espion du duc tout ce que je sais de ces damnés bannis, de tous ces républicains entêtés qui complotent autour de moi, c'est par Lorenzo que je le sais (acte scène IV) ; tandis que lui affirme à Philippe Strozzi être de son côté, être républicain. [...]
[...] Néanmoins, personne ne prête attention à sa déclaration. Etait-ce à cause de l'annonceur ou de l'annoncé ? Qui aurait pu croire qu'on assassinerait le duc et de la main de Lorenzetta ? Le rôle dont il s'est épris le pousse en dehors de sa société, mais est-ce seulement le rôle ? A la scène III de l'acte III, lorenzo emploie le pronom personnel je et insiste sur sa sincérité et sur la véracité de ses opinions : tu dois comprendre que j'ai souffert, et il y a des blessures dont on ne lève pas l'appareil impunément Ici, sans vraiment comprendre pourquoi, le lecteur appréhende le mal de Lorenzo. [...]
[...] Cette illégitimité scénique peut néanmoins s'expliquer par la quasi-omniprésence de Lorenzo dans les discours des autres personnages, renforçant peut-être l'importance de son rôle. Lorenzo est un personnage ambigu qui n'a de cesse d'afficher une ‘double personnalité'. Nous pouvons le constater d'abord dans la relation qu'il entretient avec le duc. Dès le premier acte, ils sont présentés aux lecteurs comme complices dans la tentative de perversion de la jeune sœur de Maffio qu'ils veulent voir en courtisane. Cette relation entre le Duc Alexandre de Médicis et Lorenzo est, plus tard, renforcée dans l'œuvre par la naïveté du Duc à l'égard de son cousin. [...]
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