Dissertation de littérature: Littérature du XVIIème siècle : Morale et Gaieté (11 pages)
La Fontaine et La Bruyère sont des auteurs moralistes du XVIIème siècle. Il convient de préciser ce que signifie ce terme de « moraliste » à l'époque et le sens qu'il revêt de nos jours. A notre époque, le mot « morale » et tous ses dérivés « faire la morale », « moraliste », « moralisateur » portent une connotation négative et péjorative. En effet, « faire la morale à quelqu'un » signifie « réprimander » et « un moralisateur » est une personne qui donne des leçons de « morale », qui édicte des règles d'actions et de valeurs. Mais au XVIIème siècle ce terme porte un sens tout à fait différent. Le moraliste à l'époque de La Fontaine et de La Bruyère est un homme qui observe et analyse les m?urs de son temps. Il observe la société qui l'entoure de façon neutre et ne cherche pas à critiquer la nature humaine. On pourrait le comparer à un anthropologue qui note ses observations et les fait partager au plus grand nombre. De ce fait, l'écriture moraliste se définit par le choix d'une forme discontinue brève. Le moraliste refuse le discours construit et prescriptif et conteste la posture d'autorité qui caractérise par exemple le philosophe. Les deux auteurs que nous étudions n'ont pas la prétention de donner des leçons ni de vouloir changer les hommes, bien que la majorité des Fables de La Fontaine comporte une morale finale. Le but est de faire réfléchir le lecteur par lui-même, ne rien imposer mais suggérer. C'est cela qui octroie à ces écrits un aspect intemporel car les travers humains sont perpétuellement les mêmes. Le XVII est un siècle d'autocritique où les auteurs ne voient dans l'homme que des apparences familières et courantes. La Bruyère dénonce la société de son temps, ses excès, ses institutions comme l'indiquent les titres explicites des chapitres qu'il a rédigé au fur et à mesure des années : « Du mérite personnel », « De la société et de la conversation », « Des biens de fortune », « Des esprits forts ». La Bruyère ne cite pas de noms connus dans ses Caractères mais attribue de mystérieux pseudonymes à la consonance grecque : Philémon, Chrysippe, Mopse, Antistène. Ses contemporains cherchent « les clés » de ses portraits pour dévoiler le nom de ceux qui sont dépeints.
[...] A notre époque, le mot morale et tous ses dérivés faire la morale moraliste moralisateur portent une connotation négative et péjorative. En effet, faire la morale à quelqu'un signifie réprimander et un moralisateur est une personne qui donne des leçons de morale qui édicte des règles d'actions et de valeurs. Mais au XVIIème siècle ce terme porte un sens tout à fait différent. Le moraliste à l'époque de La Fontaine et de La Bruyère est un homme qui observe et analyse les mœurs de son temps. [...]
[...] Nous pouvons remarquer que lorsque La Fontaine parle de la Cour, il ne s'inclut jamais aux courtisans lorsqu'il édicte sa morale. Le vous remplace alors le nous Ainsi, dans Les animaux malades de la peste (VII, : Selon que vous serez puissant ou misérable, / Les jugements de cour vont rendront blanc ou noir. En employant le vous l'auteur refuse d'être associé aux courtisans, classe sociale qu'il juge indigne. Peut-être est-ce aussi par dépit, parce qu'il a longtemps été en disgrâce et éloigné de la Cour. [...]
[...] La plupart du temps, les auteurs se contentent de décrire des travers généraux comme par exemple les excès de la Cour sur les hommes, mais il existe dans les deux œuvres un certain nombre de fables et de caractères qui portent sur un personnage en particulier qu'il est facile d'identifier. Il s'agit du personnage du roi. Chacun sait que les Fables et les Caractères ont été publiés sous le règne du roi Louis XIV. Dans l'œuvre de La Fontaine, tout le monde comprend, y compris le roi lui-même que le lion, roi des animaux désigne le souverain français. C'est d'ailleurs à causes de certaines de ses fables que le fabuliste restera longtemps en disgrâce et qu'il n'obtiendra pas avant 1684 les faveurs du roi pour siéger à l'Académie Française. [...]
[...] Plus d'une fois, il déroge à sa fonction de moraliste en s'éloignant du concept général. Par exemple, dans la fable 6 du livre VII La cour du Lion nous pouvons lire : Prince à ses sujets étalait sa puissance. / En son Louvre il les invita. Si le lecteur n'avait pas encore fait le rapprochement, l'indice laissé par le fabuliste ne laisse plus place au doute En son Louvre En précisant le lieu de résidence du souverain, tout le monde comprendra qu'il s'agit bien de Louis XIV qui à l'époque n'avait pas encore déménagé à Versailles. [...]
[...] Tout comme La Bruyère, il s'adresse à une caste sans jamais citer de noms. Par exemple dans Le Lion, le Loup et le Renard : Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire : / Faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire. / Le mal se rend chez vous au quadruple du bien. / Les daubeurs ont leur tout d'une ou d'autre manière : / Vous êtes dans une carrière / Où l'on ne se pardonne rien. (VIII, 3). [...]
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