Boris Pahor et Imre Kertész ne s'étaient jamais rencontrés, pourtant ils ont de nombreux points communs.
Nés au début du vingtième siècle en Europe centrale, ils ont tous les deux subi les dérives totalitaires et notamment la déportation dans les camps de la mort. Leurs livres ont commencé à être lus dans les années 1990, alors que Boris Pahor avait publié son premier roman en 1975 et Imre Kertész encore plus tôt. Imre Kertész a reçu le prix Nobel de Littérature en 2002 « pour une œuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire », phrase qui pourrait s'appliquer aussi bien à l'œuvre de Boris Pahor.
Le travail suivant s'inspire de la rencontre entre Imre Kertész, né à Budapest en 1929 dans une famille juive, et Boris Pahor, écrivain slovène né en 1913 à Trieste au théâtre de l'Odéon en janvier 2009.
[...] Antigone déjà disait : je suis née pour aimer Le Christ avait prêché l'amour il y a deux mille ans, et pourtant les grands pays qui ont fait la guerre, c'était des pays chrétiens : l'Allemagne, l'Italie et à l'Est, les orthodoxes sont devenus communistes Sur l'avenir et l'Europe : comment voyez-vous l'avenir de l'Union Européenne, notamment à travers les langues, et quelle place la circulation des langues peut-elle prendre dans cette Europe ? Sur la question de l'avenir de l'Union Européenne et de la place que la circulation des langues peut prendre en Europe, Imre Kertész pense qu'il n'y a pas de réponse. C'est une question de tous les jours selon lui. Pour sa part, il estime que son rôle est de montrer à quel point le passé de l'Europe a été horrible, mais aussi montrer ce qu'il y avait de beau dans ce passé horrible. [...]
[...] Imre Kertész est devenu adulte pendant le totalitarisme stalinien et c'est après 1956 qu'il a compris ce que signifiait le système totalitaire. Il a vu un système qui provoquait la soumission des gens et qui selon lui les séparait des vraies valeurs. Il dit avoir compris le nouveau type humain que le totalitarisme voulait créer. Boris Pahor ne s'est jamais intéressé aux questions de littérature, genre nouveau roman, etc. Il n'a pas voulu étudier la littérature pour la comprendre. Il a choisi au contraire le roman pour se rapprocher des gens. [...]
[...] Imre Kertész pense que c'est la caractéristique des livres que de tracer leur propre chemin. Soit ils meurent soit ils survivent. Au marché noir, ses romans étaient vendus 3-4 fois leur prix initial. Un jeune écrivain à succès a écrit une très bonne analyse de Etre sans destin, et ça l'a relancé. Boris Pahor, au retour des camps et de la deuxième guerre mondiale, revient à Trieste. En Italie, il ne vit pas sous un régime totalitaire, mais il fait partie d'une minorité. Il faudra du temps pour que l'Italie le lise. [...]
[...] Se faire publier sous le communisme Imre Kertész a publié son premier livre, Etre sans destin, en 1975. Il a eu du mal à le faire publier. Pendant 20 ans, il avait décidé de ne rien publier, car il voulait publier son roman et non pas écrire des nouvelles dans les journaux pour le parti. Lorsqu'il a fini d'écrire son roman, il s'est rendu dans les maisons d'édition de Budapest. Il n'y en avait que deux à l'époque. Il a laissé son roman à la secrétaire qui l'a jeté sur un tas avec d'autres. [...]
[...] Or il était interdit de parler slovène. Les livres slovènes étaient brûlés. Il n'y avait pas de journaux slovènes. C'était donc presque un camp de concentration, un camp de concentration psychologique en- tout-cas, le fascisme avant le fascisme Le choix de la fiction Leurs livres se présentent sous la forme de fiction, mais on peut légitimement se demander quelle est la part de fiction et quelle est la part d'autobiographie dans ces romans. Imre Kertész pense que nous sommes tous des fictions, et que seulement lorsqu'on commence à écrire qu'on s'éloigne de la fiction. [...]
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